France – Mardi 09/02/2021 – energiesdelamer.eu. La course à l’hydrogène vert est lancée. « L’un des facteurs de succès, passera par le portuaire » déclare Philippe Boucly » président d’Aphypac. En 2020, plus de quinze pays ont lancé de grands plans en matière d’hydrogène, et les acteurs industriels ont annoncé de nouveaux projets de plus de 35 GW jusqu’en 2030.

Plusieurs constructeurs automobiles français comme Renault, des starts-Ups comme H2X, des départements comme la Vendée, ou des régions comme les Pays de La Loire, la Bretagne, l’Occitanie, la Région Sud, structurent des écosystèmes autour de l’hydrogène pour proposer de la mobilité décarbonée en produisant de l’hydrogène sur les territoires à partir des ENR. Le groupe coréen Hyundai a officialisé mi-janvier 2021 le projet de création d’une première usine de production de piles à combustible en Chine. Un groupe d’études à l’Assemblée nationale est lancé depuis février 2019, par le Député de Dordogne Michel Delpon (LREM), alors que la France commence à prendre du retard  par rapport à l’Allemagne, le Japon, la Chine  et les Etats-Unis…

Total et Engie, ont signé le 13/01/2021, un accord de coopération pour concevoir, et exploiter le projet Masshylia, labellisé par Capenergie, le plus grand site de production d’hydrogène renouvelable de France à Châteauneuf-les-Martigues dans les Bouches du Rhône ICI.

Êtes-vous satisfait du plan relance ?

Philippe Boucly – Le plan hydrogène répond au manifeste que nous avions publié en Juillet 2020, pour un plan cohérent et ambitieux ; Que faire pour satisfaire à l’article de la loi climat énergie prévoyant d’atteindre entre 20% et 40% d’hydrogène bas-carbone et renouvelable de la consommation totale d’hydrogène industriel à l’horizon 2030, la mise en place d’un dispositif de soutien et traçabilité de l’hydrogène vertueux ?

  • Avec de l’hydrogène dans les transports; à la fois dans le maritime avec une évaluation de quelque 300.000 bateaux – pêche, navettes côtières etc…, les navires de maintenance et de services, sachant que pour l’instant les solutions pour grands navires ne sont pas encore vraiment disponibles,
  • Avec la décarbonisation de l’industrie notamment des secteurs comme raffinage, chimie, engrais, cimenterie, nous avions évalué une puissance nécessaire en électrolyseurs de 7 GW, et le plan stratégique du gouvernement dit 6,5 GW ; nous sommes dans le soutien de notre démarche. Nous demandions pour financer notre manifeste qu’il s’accompagne de 10 milliards d’euros, dont 7 md€ pour le capex et 3,6 pour le soutien. Pour la production d’hydrogène vert, l’État a fléché 7,2 md€, ce qui signifie que nous sommes bien dans les clous.

En outre, le plan s’accompagne d’un point majeur, qui a pas été assez souligné : il y a certes une ambition, une stratégie, des moyens et aussi une gouvernance, ce qui est suffisamment rare en France… Le Conseil national de l’hydrogène est désormais établi, il comporte grand nombre de présidents de sociétés, et rassemble les présidents de huit comités stratégiques de filières, sur les 18 comités de filières français.

Nous sommes satisfaits, mais nous sommes devant une falaise. On a moins de 7 MW d’électrolyse pour l’hydrogène. Or, il va falloir atteindre un facteur 1 000 d’ici à 2030. 2 puissance 10, ce qui implique qu’il faut doubler tous les ans pendant 10 ans la capacité d’électrolyse. Cela donne un ordre de grandeur pour effort à faire.

Dans la mesure où il y a de plus en plus de projets liés à l’offshore éolien en Europe couplé à l’hydrogène, est-ce que cette dimension est prise en compte ?

PB – Il n’y a rien de spécifique sur rien, sur le type d’électrolyse, ou sur la source d’énergie. La stratégie est essentiellement une ambition, des appels à projet*, un axe sur la recherche. Et un objectif 6,5 GW d’électrolyseurs.

En outre, un point sur lequel nous serons très attentif, c’est au niveau européen. En France, c’est essentiellement sur l’électrolyse que nous sommes focalisés, sans se limiter à une technologie. Nous devons pouvoir faire de l’hydrogène à partir biomasse, en associant captage et séquestration de carbone, de l’hydrogène gris, nous pouvons en faire du bleu, ce processus peut être fait en mer directement.

Sur l’électrolyse, la Commission européenne est très axée sur les énergies renouvelables pour alimenter les électrolyseurs, sous la pression de pays tels que l’Espagne, le Portugal, le Luxembourg, l’Autriche, le Danemark, et l’Allemagne. La question est : est-ce qu’on aura assez d’ENR, en France ? Et pour l’éolien offshore, aujourd’hui, il n’y en a qu’une, il nous faudra beaucoup…

Nous allons engager une grande étude pour voir à 2050 quelle peut être équilibre offre demande et l’offre bas carbone surtout. Quelles contribution des différentes sources énergies, thermique avec un gaz propre. Cela peut aussi être de l’hydrogène propre, produit en Espagne et brûlé dans un cycle combiné hydrogène en France.

L’éolien en mer et l’hydrogène

Sur l’offshore, il y a des possibilités immenses à mettre en œuvre, mais pour l’heure, il n’existe que le projet de Lhyfe, au large de la Bretagne, et celui avec les éoliennes flottantes de Qair, en région Occitanie à Port La Nouvelle. Bien entendu, les hubs en mer du Nord pour produire de l’hydrogène offshore et l’acheminer au continent paraissent être un concept valable.

Nous parlons à terme de milliers de tonnes, et le transport par pipe est bien maîtrisé. Imaginer une barge qui fait du cabotage pour alimenter « n » petits points de livraisons est aussi une option.

De quelle manière se coordonnent les différents groupes de travail et quel en la place de l’éolien en mer ou des énergies marines ?

PB –  Il n’est pas question de créer un groupe de travail supplémentaire. Déjà, il existe France Hydrogène, le Cluster maritime français, le Comité stratégique de filière des nouveaux systèmes énergétiques et le Comité industriel de la mer. En ce qui concerne le sujet de l’éolien offshore, il n’a pas été identifié comme un sujet pour l’instant.

Avec le Cluster maritime, nous travaillons sur les technologies à appliquer pour voir quelles technologies sont possibles pour le transport maritime. Nous conduisons actuellement une étude majeure avec le Grand port de Nantes**, l’Ademe, la CDC et la région pour développer l’hydrogène sur une plate-forme portuaire. Avec l’exemple de Nantes, en mettant en plus au point une méthodologie, il s’agit de faire un projet qui soit répliquable sur d’autres ports partenaires de France Hydrogène. Pour baisser les coûts il va en effet aussi falloir baisser les besoins et les ports constituent aussi des lieux d’industrie où il y a des choses à décarboner.

Ce n’est pas la première fois que l’hydrogène vient sur le devant de la scène. Mais il y a trois bonnes raisons pour que ce soit la bonne : l’urgence climatique, la baisse des coûts des ENR, et la baisse des coût des technologies de l’hydrogène, qui vont continuer à baisser. McKinsey montre, dans un rapport pour l’Hydrogen Council (19/01/2021 ICI), que si on développe 60 GW d’électrolyseurs, il est possible de baisser les coûts de 60%. En revanche, il ne faut pas oublier que vu la hauteur des enjeux et des défis, il n’y a pas beaucoup d’autres candidats que l’hydrogène. Cependant, l’hydrogène ne fera pas tout, mais sans hydrogène, nous ne réussirons pas la Transition énergétique !

POINTS DE REPÈRE

Appel d’offres prévus

en 2021

  • Construction d’un projet important d’intérêt européen commun (PIIEC/IPCEI) sur l’hydrogène, à l’instar du projet européen sur les batteries.

Ce projet pourra par exemple soutenir la R&D et l’industrialisation d’électrolyseurs pour produire de l’hydrogène décarboné et déployer ces solutions dans l’industrie. Ce projet pourra également concerner des projets de « gigafactory » d’électrolyseurs en France, ainsi que l’industrialisation d’autres briques technologiques (piles à combustible, réservoirs, matériaux…), dans une logique d’intégration de la chaîne de valeur au niveau européen. La France réservera une dotation financière exceptionnelle de 1,5 milliards d’euros dans le cadre de cette action.

  • Appel à manifestation d’intérêt dans le cadre du programme prioritaire de recherche (PPR) « applications de l’hydrogène » : opéré par l’ANR, ce PPR permettra de soutenir la recherche en amont et de préparer la future génération des technologies de l’hydrogène (piles, réservoirs, matériaux, électrolyseurs…). Il contribuera à l’excellence française dans la recherche sur l’hydrogène et sera doté de 65 millions d’euros.

en 2022

Appel d’offres dans le cadre du mécanisme de soutien à la production d’hydrogène décarboné, par complément de rémunération.

Les ports

** Vers un hub hydrogène sur la place portuaire de Nantes avec le premier grand port hydrogène de l’Atlantique. Labellisée en 2016 « Territoire hydrogène », la Région Pays de la Loire avait affiché dès 2017 son ambition en la matière. Dans le cadre de son plan de relance régional, elle a souhaité renforcer encore son soutien à la filière hydrogène en adoptant une feuille de route dotée d’un soutien de 100 millions d’euros d’ici 2030.

28/01/2021 – Le port de Zeebruge mise sur l’hydrogène

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