France – Lundi 07/01/2019 – energiesdelamer.eu.

Durant ces quelques jours de vacances, certains ont décroché, d’autres n’ont pas manqué de prendre le temps d’affûter leurs arguments pour bien débuter l’année 2019 et soutenir qu’un projet de « PPE » français plus anticipateur est possible.

Sylvain Roche, doctorant en économie de l’innovation à l’Université de Bordeaux sur les énergies marines et la croissance bleue, avait été accueilli par le Cluster Maritime Français jusqu’à la fin de l’année 2018 et avait participé durant cette période, à l’émission « L’éco prend le large, les promesses de l’économie bleue ». Il soutiendra sa thèse à Bordeaux au 1er trimestre 2019

C’est l’un des meilleurs observateurs des politiques menées en Europe par les gouvernements pour promouvoir ou intégrer dans le mix énergétique l’apport des énergies renouvelables en mer. Les négociateurs (administrations et opérateurs, industriels, académiques, élus…) du projet de PPE devraient prendre le temps de l’écouter, afin de mieux comprendre les attentes d’une nouvelle économie de la transition écologique et solidaire, ainsi que les réserves des opposants souvent peu ou mal informés.

L’originalité de la thèse de Sylvain Roche mérite ici d’être mentionnée. Elle est découpée en 3 grandes parties et 10 chapitres qui prennent la forme d’articles scientifiques en cours de publication. Ces travaux nous amènent à repenser l’évolution de notre système énergétique et le temps du changement technologique. L’ensemble des filières a été examiné, de l’éolien marin à l’énergie des courants de marée, en passant par le houlomoteur ou l’énergie thermique des mers (ETM).

Dans le cadre de mes échanges avec Sylvain Roche, je retiendrai surtout que les énergies marines tiennent une place particulière dans l’imaginaire collectif du fait qu’elle couple deux références de puissance que sont l’énergie et la mer.

En France, où le secteur énergétique s’est construit sur une trajectoire éminemment terrestre (des barrages hydroélectriques de montagne au nucléaire, au choix de l’énergie solaire aujourd’hui), ce couplage est rendu plus délicat que dans d’autres pays. Ayant réalisé des études de terrain en Écosse et aux Pays-Bas, Sylvain Roche montre ainsi comment le secteur du oil and gaz a maritimisé de manière global le secteur énergétique de l’Europe du nord, et ainsi encouragé les transferts entre l’offshore pétrolier et celui des énergies nouvelles (l’exemple qu’il donne du musée d’Aberdeen est ici passionnant).

Pour Sylvain Roche, la trajectoire des énergies marines en France s’inscrit dans un discours du retard, construit autour du binôme « espoir-incertitude ». Le régime de la planification, de la rationalité économique coût/bénéfice et de l’éradication des risques (difficile à envisager dans le cadre d’une filière technologique émergente comme les énergies en mer), le poids de l’histoire et des héritages (il utilise le concept de path-dependence), sont ainsi posés comme des cadres de référence pour comprendre l’institutionnalisation difficile des énergies marines en France. Et à ce titre, « rupture » et « continuité » sont les deux mots clés de la trajectoire des énergies marines qu’il défend dans sa thèse.

Bien que s’inscrivant dans le champ de l’économie de l’innovation, ce travail qu’il définit lui même comme « rétro-prospectif », s’est voulu à la fois interdisciplinaire (en encourageant notamment les collaborations entre des ingénieurs et des chercheurs issus des sciences humaines et sociales) et de « recherche-action » (en travaillant pleinement avec les acteurs du terrain, les industriels, les administrations ou le monde associatif). A côté de ça, Sylvain Roche a organisé un certain nombre d’événements pour le grand public, inscrivant aussi ce travail doctoral dans une démarche pleinement citoyenne.

Avec Mathieu Colléter et Romain Schumm, il a participé le 27 septembre 2018 à l’émission « Entendez-vous l’éco ? » de Tiphaine de Rocquigny sur France Culture.

Points de repère

Sylvain Roche est doctorant en économie de l’innovation au sein du Groupe de Recherche en Économie Théorique et Appliquée (UMR CNRS 5113) de l’Université de Bordeaux. Ses travaux se concentrent sur la mise en place des politiques publiques dans le secteur énergétique et sur les nouveaux enjeux de l’économie de la mer. Sous contrat CIFRE avec la Région Nouvelle-Aquitaine depuis décembre 2015, il y réalise une thèse sur la thématique des énergies marines renouvelables et la croissance bleue.

Mathieu Colléter, ingénieur agronome spécialisé en halieutique est docteur en écologie marine. Il a notamment travaillé comme chercheur au sein des programmes de recherche Sea Around Us et Nereus à l’Université de Colombie Britannique (UBC, Vancouver). Il travaille depuis chez BLOOM, pour laquelle il est aujourd’hui Responsable ‘Sciences – Relations institutionnelles’

Romain Schumm a rejoint l’Iddri en 2017 pour étudier les différents enjeux relatifs à l’industrie pétrolière et gazière. Il s’intéresse notamment à la prise en compte de la notion de développement durable par l’industrie extractive. Il mène actuellement deux projets.

– Le premier vise à mobiliser la communauté internationale pour contribuer aux analyses sur l’évolution du secteur pétrolier et gazier face aux défis environnementaux, sociaux et, économiques.

– Le second vise à promouvoir un développement durable des activités extractives offshore en Afrique de l’ouest en renforçant la gestion des risques environnementaux et en favorisant le développement de démarches de responsabilité sociale de l’entreprise (RSE)

 sylvain.roche@u-bordeaux.fr romain.schumm@sciencespo.fr%20« >romain.schumm@sciencespo.fr romain.schumm@iddri.org


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