Irlande – Mardi 09/07/2019 – energiesdelamer.eu. Partie 1 – L’Irlande a lancé le 4 juin dernier un vaste plan stratégique visant à décarboner son économie totalement en 2050. Dans ce cadre, les énergies marines sont appelées à la rescousse. Revue de détails et décriptage.

 

L’objectif que se fixe le pays est de parvenir à un « objectif zéro carbone » en 2050, avec une étape intermédiaire en 2030. Côté énergies renouvelables, l’Irlande (la République irlandaise ici) va faire partie des pays européens qui ne devraient vraisemblablement pas parvenir à atteindre l’objectif fixé par le paquet énergie-climat horizon 2020.

 

Le plan stratégique récent en convient et prend en compte dans son horizon 2030, un sérieux virage en terme d’ENR, au-delà des mesures destinées à stopper le recours au charbon et à la tourbe.

 

Ainsi, en 2030, ce sont 70% d’électricité renouvelable qui sont visés, contre 26% aujourd’hui et un objectif de 40% prévus par le paquet 20-20-20.

 

Pour ce faire, le pays mise sur un recours aux enchères, dont le dispositif (Renewable Electricity Support Scheme, ou RESS) a été récemment remis à jour, mais aussi via les PPA (Power purchase agreement, soit des accords de gré à gré) qui devraient représenter 15% du total en 2030, et enfin, via le développement des interconnexions.

 

L’objectif se décline en 8,2 GW pour l’éolien terrestre (contre presque 3 GW aujourd’hui), 1,5 GW en solaire photovoltaïque (contre presque rien à ce jour) et enfin, ce qui nous intéresse, 3,5 GW en offshore marin, contre 25 MW (éoliens) installés à ce jour. En parallèle, pour atteindre les 70% en 2030, la capacité au charbon et à la tourbe doit sortir du mix, ce qui signifie que la capacité installée globale irlandaise va diminuer. C’est d’ailleurs pourquoi, Dublin développe en parallèle la forte montée en puissance de ses interconnexions tant avec le Royaume-Uni qu’avec l’Irlande du Nord, mais aussi avec la France, via le Celtic Interconnector. Le plan d’action précise en effet que la montée en puissance des renouvelables va entraîner un besoin de stockage et de liens avec d’autres pays afin d’évacuer la puissance produite quand les besoins ne seront pas en phase.

 

Dans cet « offshore », c’est essentiellement l’éolien qui ressort, les autres énergies marines étant dotées, dans le plan d’actions de capacités en R&D seulement sur la période d’ici à 2030.

 

Les premières enchères dans le cadre du nouveau RESS devraient avoir lieu cette année.

 

Mais, le marin n’y participera pas… En effet, cette première relance vise d’abord à sécuriser, ou tout au moins à se rapprocher de, la trajectoire 2020 (40%), afin de passer à 70% en 2030. Ces enchères 2019 ouvriront aussi la porte à des projets « communautaires », dans le droit fil du paquet « Energie propre pour tous les Européens » récemment adopté.

 

L’Offshore Renewable Energy Development Plan (OREDP) a identifié un potentiel de quelque 70 GW en énergies marines (éolien, vagues et courants) jusqu’à 100 km des côtes irlandaises. Néanmoins, pour l’heure l’essentiel des projets se concentre en mer d’Irlande, la côte ouest irlandaise étant soumise à rude épreuve par les tempêtes et des fonds marins pas si propices qu’il n’y parait.

 

En Janvier dernier, Parkwind* et ESB (le principal électricien irlandais et public) ont conclu un accord pour relancer le secteur de la production d’énergie éolienne en mer en République d’Irlande grâce à l’acquisition par ESB de 35% du projet Oriel.

 

Ce dernier, situé dans la mer d’Irlande au large de Dundalk, a une capacité de 330 MW et pourrait débuter ses activités commerciales au début des années 2020. ESB et Parkwind travailleront également ensemble sur le projet pour lequel ESB est titulaire d’un permis d’estran permettant d’ouvrir des enquêtes sur le site. Parkwind va acquérir jusqu’à 35% du projet Clogherhead, qui doit être développé de manière unique, dans le cadre d’une application de planification distincte.

Il faudra donc attendre 2021, pour voir entrer dans le cadre du RESS des installations éoliennes offshore, pour des constructions prévues à partir de 2022. Néanmoins, le nouveau régime d’enchères est largement à la main du gouvernement qui pourra faire moduler les différentes technologies et les choix énergétiques en fonction de la réponse plus ou moins rapide à la nécessaire atteinte de l’objectif final (70%). Le plan d’action prévoit en outre de faire appel à des mécanisme transnationaux (donc beaucoup avec le Royaume-Uni, plus particulièrement pour l’éolien offshore, pour éviter de faire peser sur le contribuable irlandais seul le poids des investissements. Cela devrait pouvoir se faire via la North Seas Energy Cooperation Initiative, via des actifs « hybrides », indique le plan d’actions.

Le gouvernement entend également faciliter les projets offshore, en mettant en place un nouveau système d’agrément des permis et de raccordement des parcs. Tout ceci passera sous les fourches caudines de la loi Marine Planning and Development Management (MPDM), passé mi-juin ; ce qui est prévu . En outre le gouvernement installera une « Top Team » chargée de guider ces projets afin de favoriser la montée de l’emploi afférent au développement des énergies marines.

 

 

La majorité de ces réformes devraient intervenir au troisième et quatrième trimestres 2019, sauf le MPDM prévu pour la deuxième moitié de 2020, avec des enchères spécifiques pour l’offshore au premier trimestre 2021.

 

 

Par ailleurs, en termes d’énergies marines (hors éolien posé), le planning s’étend entre le second semestre 2019 (pour l’éolien flottant et les prototypes à vagues et à courants). Le plan d’actions prévoit fin 2019 la mise en œuvre de sites dédiées pour l’expérimentation et les projets pilotes. La Sustainable Energy Authority of Ireland (SEAI) est chargée de l’ensemble des mesures à prendre.

 

A noter que la SEAI vient de prendre le lead sur le projet Ocean Power Innovation Network (OPIN), officiellement lancé le 17 avril dernier, visant à accélérer le développement des énergies de la mer dont Centrale Nantes et WeAMEC font partie. Ce projet est une initiative européenne dotée de €2,6 millions sur une durée de trois ans. Le programme européen Interreg Nord-Ouest de l’Europe du Feder (Fonds européen de développement et de recherche contribuera à hauteur de 1,5 million d’euros.

 

 

 

Points de repère

 

En juillet 2018, la Chambre basse du Parlement irlandais a adopté un projet de loi exigeant que le fonds souverain du pays se détourne du pétrole, du gaz et du charbon.

 

09/07/2019 – Parkwind via North Sea Wind propose au grand public d’investir dans l’éolien en mer. Le lancement a été annoncé ce matin par L’Echo, La Libre Belgique….

 

25/05/2019 – Interview exclusive d’Eric Thebault, Directeur de projet chez RTE, Pilote du Celtic Interconnector. Les régulateurs français CE et irlandais Commission for Regulation of Utilities (CRU) ont publié leur décision fin avril 2019 pour le financement du projet d’interconnexion électrique « Celtic Interconnector ». 

 

A paraître le 10/07/2010, la publication du rapport de concertation préalable de la commission nationale du débat public – CNDP

 


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