France – Lundi 15/07/2019 – energiesdelamer.eu. La septième édition des Journées hydrogène dans les territoires, à Marseille les 10 et 11 juillet, a fourni l’occasion d’aborder la rencontre entre les navires, les ports, la production et le stockage d’hydrogène.

 

L’association professionnelle du secteur, l’Afhypac, organisatrice aux côtés de la métropole. Aix-Marseille Provence, et des CCI du Var et de Marseille Provence, n’a pu que se féliciter de la montée en puissance du secteur hydrogène, qui se traduit par une forte progression de ses membres. En 15 mois, signale Philippe Boucly, le président de l’association, le nombre d’adhérents est passé d’une centaine à 160, et ce n’est pas fini. Une montée en puissance aidée par les groupes de travail mis en œuvre par l’Afhypac à l’aune de la reconnaissance de l’hydrogène dans la programmation pluriannuelle de l’énergie, du plan hydrogène maintenu après le départ de Nicolas Hulot l’an dernier, mais aussi du soutien du Président de la République. Comme l’indique Christelle Werquin, déléguée générale de l’Afhypac, l’hydrogène dispose du soutien au plus haut niveau de l’état et la filière avance. Reste à passer à la vitesse supérieure et à la « massification », le mot de ces deux journées marseillaises.

 

Massifier dans les ports ?

 

Sur le plan maritime, c’est d’abord dans les ports que l’hydrogène peut se frayer une place. Ainsi, Stéphane Reiche, délégué général du grand port maritime de Marseille (GPMM) que pour que l’hydrogène soit décarboné, il faut d’abord que l’électricité le soit aussi. Côté production, à Marseille, 114 MW d’énergies renouvelables sont déjà installés, dont 33 MW en solaire et 31 MW en éolien. Déjà quelque 10 000 tonnes fatales d’hydrogène sont produites par Kem One, sur l’établissement de Fos-sur-Mer. Par électrolyse du sel, les ateliers de Fos-sur-Mer produisent en effet du chlore, de la soude et de l’hydrogène. Le chlore obtenu est consommé sur place, pour fabriquer du chlorure de vinyle monomère (CVM), par réaction sur l’éthylène, livré pour moitié à Kem One à Berre (Bouches-du-Rhône) ; le reste est expédié par barges vers le site de Saint-Fons (Rhône) où il est transformé en PVC.

 

Et côté demande, le territoire a une ambition, avec quelque 7 000 trains par an, 3 000 barges fluviales, près de 3 000 chariots élévateurs, sans oublier les deux millions de poids lourds, dont 60% dans les Bouches-du-Rhône. Certes, pour les grands navires, le GNL risque d’être privilégié, mais nombre de bateaux sont adaptables avec de l’hydrogène. En outre, le branchement des navires à quai au réseau électrique (pour remplacer le diesel) n’est pas toujours possible. Là encore, l’hydrogène à une carte à jouer, en installant des piles à combustible. Marseille, mais aussi Toulon se saisissent de cette carte, avec des projets de 2 MW. Franck Verbeke, d’Helion Hydrogen Power (ex-Areva Stockage Energy) souligne en effet que l’organisation maritime internationale a fixé des objectifs de réduction des rejets (CO2, SOx, NOx) de 30% en 2030 dans les ports et de 50% en 2050 par rapport à 2018.

De nombreux usages peuvent être concernés, insiste-il, des grues mobiles, en passant par les tracteurs de conteneurs au sol, et pour certains types de navires. En Bretagne, un projet est en cours sur un petit ferry avec une pile à combustible de deux fois 1 MW, un projet hybride puisque doté aussi d’une batterie. Helion, associé à Orion Naval Solutions est également en train de travailler sur un projet de barge de transport fluvial, à Toulouse, avec un modèle hybride et une PAC de 80 kW à 150 kW.

 

 

Utiliser l’éolien offshore

L’hydrogène est également un moyen de stockage privilégié pour les surplus d’électricité renouvelable, via le Power to Gas. Dans son offre non retenue sur le parc de Dunkerque, Engie avait prévu que le parc éolien offshore puisse alimenter le démonstrateur, qui teste l’injection d’hydrogène produit à partir d’électricité renouvelable dans le réseau de distribution de gaz naturel et la production d’hythane pour les bus de la communauté urbaine.

 

En Vendée, le Sydev, le syndicat d’énergie vendéen mise sur un projet similaire à terme. Vendée hydrogène commencera cependant à partir de la production d’un parc terrestre, qui est sorti du tarif d’achat en juin 2018. Les trois éoliennes de 2,5 MW du parc de Bouin livreront environ 30% de leur production pour fabriquer 30 tonnes d’hydrogène par jour. Mais, à terme, indique Alain Leboeuf, président du Sydev et de Vendée Energie (la structure qui porte le projet, constituée avec deux autres syndicats d’énergies Soregies et Sergies et le soutien de la Caisse des dépôts), ce projet pourrait accueillir les surplus du futur parc offshore d’Yeu-Noirmoutier. A Port-la-Nouvelle un projet identique se met en place avec pour horizon la future production de l’éolien offshore flottant.

Reste que si la filière foisonne de propositions et attend impatiemment les appels à projets, prend pleinement sa part dans les engagements pour la croissance verte et les contrats stratégiques de filière, côté réglementation, le travail est aussi intense. L’hydrogène carburant est en effet dans de nombreux domaines dans un « vide réglementaire » ont rappelé de concert Christelle Werquin et François le Naour, du CEA Liten et vice-président de l’Afhypac.

 

 

 

Points de repère

08/07/2019 – Le premier projet au monde de production d’hydrogène en mer débutera l’an prochain sur une plateforme pétrolière et gazière près de la côte de Scheveningen, aux Pays-Bas. La plateforme sera à cet effet équipée d’un électrolyseur. Le Vif Belgique

 

 

A lire aussi dans MerVeille Energie N#1 le 1er numéro français sur les énergies  de la mer et les secteurs affiliés. Les ports par François Lambert Délégué général du GICAN

 

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