France – Jeudi 25/10/2018 – energiesdelamer.eu. Quelle sera la PPE, c’est-à-dire la politique énergétique de la France lors des dix prochaines années ? 

A 19 heures, hier soir, la discussion était toujours débattue à l’Elysée entre le Président Emmanuel Macron et la trentaine de poids lourds et « champions » de l’énergie française et grands organismes de recherche. On a asisté d’aileurs a un « carambolage d’agenda », puisque l’audition de François de Rugy, ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, par la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, du Sénat, initialement prévue mercredi 24 octobre 2018 à 17 heures, avait du être annulée à sa demande, le lundi 22 octobre. Toutefois, d’après le JDLE, il aurait rejoint les députés de REM après la réunion de l’Elysée.

Photo de Guillaume Souvant – AFP, publiée sur le site de BFM avec la légende : Le Pdg d’EDF, Jean-Bernard levy, attend les décisions d’Emmanuel Macron sur la politique énergétique jusqu’en 2029.

 

 

 

Alors, reprenons notre revue de presse politique. La réunion qui s’est tenue à l’Elysée portait sur les questions dans lesquelles se débat le gouvernement depuis quelques mois : Comment gérer les engagements pris les gouvernements précédents et l’Europe, et en même temps être réaliste face à une conjoncture économique, financière et une logique de « grands corps » ?, peut-être a t-il même été question de climat.

 

Pour nombre d’entreprises PME, ETI, … de la filière énergétique et affiliée, la « messe » semble être dite depuis le début de l’année, notamment pour les énergies renouvelables de la mer…, même si, et en même temps, des députés français, des présidents de région, des sénateurs, des ONG et des syndicats professionnels, manifestent pour qu’il en soit autrement …

 

Les sorties de cap, comme celle de Naval Energies pour l’hydrolien, en sont des exemples significatifs … d’où pour les autres, la stratégie qui s’est réorientée à l’export, au fluvial… EcoCinétic, HydroQuest, Guinard ou les ZNI pour Sabella…

 

La présentation de la PPE, repoussée régulièrement depuis juin 2018, malgré les appels des Régions, du SER, de FEE … devrait être dévoilée « à l’automne », d’après l’Elysée, (Reuters).

 

« Et en même temps », Emmanuelle Wargon, secrétaire d’Etat auprès de François de Rugy, avait confirmé le matin sur BFM que la Programmation pluriannuelle de l’énergie serait reportée à « courant novembre » au lieu du 30 octobre. Le Figaro, quant à lui avance la date du lundi 12 novembre.

 

A cela rien d’étonnant, puisque les moyens financiers ne semblent encore pas réunis pour tenir les engagements pris notamment, lors des Accords de Paris. La France, déjà en retard sur les objectifs du Grenelle de l’Environnement en 2020 et du Grenelle de la mer, ne semble pas véritablement plus avancée sur les 32% d’énergies renouvelables en 2030.

Enfin, les ministres concernés et parfois nouvellement nommés, doivent s’approprier cette feuille de route que le président de la République c’est fait fort de réussir.

Alors, puisque le Président Emmanuel Macron, veut dépasser la quadrature du cercle* et mettre les intérêts financiers de l’Etat en pleine harmonie avec les stratégies des grandes entreprises dont, et en même temps, l’Etat détient des participations, il faut donner le « La » dans un esprit collégial et hautement financier. En réunissant pour une « séance de travail » les fleurons des entreprises françaises EDF, Engie, Orano (Areva), Vinci, Bouygues, Neoen, Eiffage, Akuo Energie, de l’automobile … et des chercheurs de organismes de recherche françaises, CEA, INRA, INRIA, CNRS … pour parler de transition énergétique, énergies renouvelables, véhicule électrique, isolation, c’est ce qu’il a, probablement, essayé de réaliser.

 

Pour ce faire, le Président (ou ses conseillers) a estimé qu’il n’avait pas besoin des associations professionnelles telles que France Energie Eolienne, qui se sont réunies avec Greenpeace France, FNH, Réseau Action Climat – RAC, CLER, Réseau Sortir du Nucléaire, Territoires à Energie Positive, Surfrider, Global Chance, France Nature Environnement, Agir pour l’environnement, en contre-réunion et « en même temps » à 15h à quelques encablures de l’Elysée. D’ailleurs, Jean-Louis Bal président du SER, était à Matignon il y a trois semaines et Olivier Perot, président de FEE, avait été reçu par François de Rugy le 22 octobre.

Dans la foulée, du rendez-vous Rugy – Perot, le Cluster maritime français présidé par Frédéric Moncany, avait incité ses membres à adresser un courrier au président de la République et au premier ministre, car « durant cet entretien, le Ministre avait insisté sur l’importance de la mobilisation de chaque acteur à titre individuel en plus des actions des organisations professionnelles. En effet, chaque acteur de la filière, de l’amont à l’aval, doit revendiquer auprès du Gouvernement son existence, ses emplois, ses savoir-faire, son expérience, son intégration locale, ses sites de production ou d’installation, etc. Vos courriers, en nombre, dans ces derniers jours d’arbitrage sont indispensables pour soutenir la filière EMR auprès du Gouvernement » fin de citation.

De son côté, le SER avait adressé un communiqué de presse le 23 octobre pour souligner que « la compétitivité des énergies renouvelables, atteinte grâce à la volonté des nombreuses ETI et PME du secteur qui, chaque jour, innovent et investissent, et au soutien de l’Etat qui a engagé des réformes majeures -simplifications administratives, lancement d’appels d’offres pluriannuels, révision des procédures de mise en concurrence, définition de prix plafond, etc. Et donc, sans cette collaboration, les gains de compétitivité observés ces dernières années n’auraient pas pu être accomplis aussi rapidement ».

 

Toujours d’après le SER, « dans le secteur de l’électricité, l’éolien terrestre et le solaire photovoltaïque au sol ont atteint cette année une zone de prix située autour de 60 €/MWh. Ces filières seront rejointes, à l’horizon du quinquennat, par d’autres technologies, comme l’éolien en mer posé, tandis que l’éolien en mer flottant suivra une baisse des coûts similaire d’ici 2030 ».

Enfin, comme La Tribune, Les Echos, Le Monde ou le Figaro, BFMTV rappelle que « l’Elysée met en avant le pouvoir d’achat des Français, assurant que les énergies renouvelables devront être accessibles à tous. Leurs subventions vont coûter 8 milliards d’euros en 2018. « Le gouvernement est bien décidé à les raboter alors qu’elles sont désormais rentables sans aides publiques. Là, le discours habituel du nucléaire « bon marché », l’énergie « la moins chère d’Europe » renaît. Sauf que le coût dévoilé par EDF -32€/mégawatt moins cher que l’électricité allemande- est un coût de production. Il ne tient pas compte du démantèlement de tous les réacteurs -54€/mégawatt d’après la Cour des Comptes- et encore moins de la gestion des déchets. Les experts estiment qu’il atteint 70 voire 80 euros/mégawatt, soit plus que les énergies renouvelables aujourd’hui. Quant au « nouveau nucléaire », les EPR, son prix est si élevé -110€/megawatt qu’il nécessite d’être garanti sur plusieurs décennies pour être rentabilisé ».

 

 

Une question de souveraineté et de pouvoir d’achat

 

Toujours pour la grande presse, l’exécutif justifie son choix par la nécessité de préserver sa souveraineté énergétique. « Il faut éviter de développer une nouvelle dépendance technologique comme le lithium par exemple » assure-t-on dans l’entourage du Président Emmanuel Macron. La sécurité d’approvisionnement, dans un contexte de tension russo-américaine sur le gaz, reste un argument de taille brandi par EDF pour maintenir son parc nucléaire le plus longtemps possible, sans évoquer l’Arabie Saoudite et les exportations d’énergie fossiles des Etats-Unis.

D’ailleurs, n’y aurait-il pas, comme dans les années 2000, une concordance de temps entre une relance du nucléaire et des problèmes de transition énergétique, notamment pour retard pour la croissance bleue promise avec le Grenelle de la mer.

Des décryptages récents sur les aspects géopolitiques présentés par Olivier Appert, délégué général de l’Académie des technologies et Dominique Bouvier président d’EVOLEN, étaient également révélateurs de la quadrature du cercle, notamment avec les grands des énergies offshore …

 

Mais restent en jeu, les entreprises plus petites, les élus, les pêcheurs, le développement des énergies renouvelables et les emplois dans les territoires, la croissance, la politique européenne, les citoyens et le CLIMAT.

 

 


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