France – Mardi 02/10/2018 – energiesdelamer.eu. 1/2 – Geoffroy Caude, Membre Permanent du CGEDD et Président de l’AIPCN était le grand témoin des 8è Assises « port du futur » organisées par le CEREMA. Chargé de tirer le bilan des deux journées, energiesdelamer.eu reproduit sous forme de tribune son compte-rendu (en deux parties) avec son aimable autorisation.

 

 Journée du 25 septembre 2018

 

Dès l’ouverture des 8è assises « Port du Futur 2018 », Nicolas Trift de la Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer DGITM du ministère de la transition écologique et solidaire et Paul Tourret directeur de l’ISEMAR ont souhaité poser le débat sur les perspectives et les ambitions portuaires souhaitables pour la France.

                                                                                                     

Le calendrier particulier dans lequel s’inscrivent ces 8èmes assises se situe en pleine préparation du prochain CIMER. Comme l’a rappelé Nicolas Trift, sous directeur des ports et du transport fluvial un grand nombre d’initiatives ont été prises récemment par le gouvernement en matière de politiques portuaires qui donnent lieu à de fort nombreux travaux car le système portuaire français se situe dix ans après la réforme de 2008 dans une période charnière où le nouveau contexte lié à la transition énergétique et environnementale d’une part et le nouveau cadre fiscal européen et français l’amènent à se projeter dans une nouvelle forme de compétition européenne.

 

Il a d’ailleurs insisté pour souligner qu’avec cette période la mission du port se transformait en celle d’un port entrepreneur avec des missions propres de service public ce qui conduit à une stratégie portuaire reposant sur trois piliers : un pilier institutionnel grâce au développement des stratégies de coopération d’axes ou de façades, un volet financier pour assurer la viabilité économique du nouveau contexte fiscal et un volet pour répondre au défi de la triple transition énergétique , environnementale et digitale.

Les pôles de compétitivité (Mer Bretagne-Atlantique et Méditerranée, I-trans et Nov@log) y jouent un rôle particulier et la relation ville-ports y est aussi très importante avec la présence de la Fédération nationale des agences d’urbanisme. Les pôles Mer ont d’ailleurs eu l’occasion de rappeler que l’économie bleue pèse 65 milliards d’euros en France et 1500 milliards de dollars dans le monde.

La première demi-journée consacrée à la prospective et à l’innovation avec les perspectives générales de croissance de marché et d’évolutions technologiques n’en a revêtu qu’une importance accrue.

 

 

Paul Tourret, directeur de l’ISEMAR a rappelé quelques éléments forts :

– le premier sur l’incertitude fondamentale dans laquelle est plongée l’économie portuaire avec un ralentissement de l’économie industrielle allemande, le Brexit, le durcissement des relations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine impose aux ports de ne pas rester figés sur leurs plans stratégiques mais, de pouvoir s’adapter avec réactivité aux opportunités avec une certaine flexibilité de leur mode de gouvernance.

Cette gouvernance devrait pouvoir s’étendre aux régions quitte à envisager des sociétés publiques regroupant Etat, régions, métropoles avec des proportions variables selon le rôle que l’État souhaite continuer à jouer. Cette flexibilité leur permettra de viser une efficience économique et environnementale grâce à des efforts d’innovation ce qu’il a qualifié d’écosystème écoproductif en lien étroit avec les agglomérations.

– une stratégie qui appelle à la fois une ambition, celle de mieux drainer l’hinterland* et de conquérir des parts de marché au-delà de la frontière Est de la France et des outils adaptés aux différentes échelles spatiales (un projet portuaire qui soit celui de la place portuaire, un pacte territorial élargi, une stratégie d’axe pour pénétrer l’hinterland) compatibles avec une stratégie nationale portuaire.

 

Enfin il s’est aussi interrogé sur l’utilité pour les ports de bien réfléchir à l’équilibre des droits de ports dans le contexte d’une réduction progressive des recettes pétrolières.

 

Julien Dossier qui animait les tables rondes s’est alors interrogé sur la façon de respecter l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050, ce qui pose à l’évidence la question de rendre compatibles les échelles de temps du plan stratégique quinquennal, d’une vision à dix ou vingt ans et de l’horizon des changements plus globaux pour sortir progressivement d’une économie carbonée.

 

 

Table ronde 1 – Mise en œuvre de services portuaires respectueux de l’environnement (GNL, branchement à quai de navires).

La première table ronde organisée comme un échange d’expériences très contrastées regroupait des représentants des trois ports de Dunkerque, de Brest et de Marseille, avec deux composantes fortes celle de la transition énergétique et celle de la coopération interportuaire.

 

Adaptation des territoires et économie des Ports

 

Erwan Le Bris, directeur de l’aménagement du GPM de Dunkerque a montré comment le grand port profondément affecté par la fermeture de la raffinerie des Flandres avait réussi à réaliser un terminal méthanier qui, de façon progressive, permettait l’utilisation de GNL pour les poids lourds. En effet, 70 % d’entre eux fonctionneront au GNL en 2030 et pour l’heure, les navires motorisés au GNL sont peu nombreux, seulement une centaine dans le monde, mais il convient d’anticiper.

E Le Bris a passé le message à l’État (Direction générale de la prévention des risques – DGPR et directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement DREALs) pour que l’application de la réglementation ne fasse pas obstacle à ces développements où les ports belges, notamment ceux de Zeebruges et d’Anvers ont une longueur d’avance sur les ports français.

Enfin, il a montré que ce développement d’infrastructures pour le GNL s’accompagnait aussi de développement de l’alimentation électrique à quai.

cette vue aerienne mars 2018Pascal Le Berre, directeur du port de Brest a montré l’étroite connexion existante entre ce port et la région Bretagne. L’analyse de la région menée en une dizaine d’années est partie d’un double constat : Celui de l’évolution de l’agriculture régionale et de l’industrie agro-alimentaire qui en découle et celui d’une forte dépendance énergétique régionale qui a débouché sur le plan électrique breton (PACTE Breton) d’où découle naturellement la forte implication sur les énergies renouvelables marines (et selon l’article du 13/08/2018une demande faite pour intégrer les Ports dans le réseau RTE-T)

 

 

 

Le CESR – Conseil Economique et Social Régional de Bretagne, les acteurs industriels et portuaires de la Métropole brestoise se sont beaucoup investis pour créer un polder sur 14 hectares destiné à une plate-forme d’assemblage à terre, pour les EMR. Ce projet a été soutenu en cela par Jean-Yves Le Drian, ancien président de la Région Bretagne, propriétaire, depuis 2007, des ports de Lorient, Brest et Saint-Malo, politique poursuivie par Loïg Chesnais-Girard.

Pour assurer aussi une meilleure lisibilité institutionnelle par rapport aux grands investisseurs industriels internationaux, la région envisage de créer une SEM portuaire pour Brest et pour Roscoff avec la Région, la CCI et la métropole et de lui donner une vision stratégique avec le projet Brest Port 2040.

 

 

Enfin, Philippe Guillaumet, responsable des partenariats européens et internationaux du GPM de Marseille a révélé à quel point les ports de Méditerranée ont progressé dans leur effort de coopération puisque face aux ports de la rangée Nord qui captent aujourd’hui 70 % des flux Asie-Europe, aux menaces que pèse l’ouverture progressive des routes maritimes arctiques et face à la dynamique redoutable que déploie la Chine avec les routes de la soie, ont choisi de coopérer sur six thématiques importantes : la formation, la logistique, le smart port, la cybersécurité, le tourisme…

 

Ainsi Marseille a tiré parti des très nombreuses fibres optiques qui viennent d’Asie jusqu’à ce port pour accueillir un data center dans les locaux de l’ancienne base sous-marine issue de la dernière guerre mondiale. Un accord a d’ailleurs été signé le 31 mai dernier, entre le port de Marseille et celui de Shanghai.

Le port n’est d’ailleurs pas en reste avec les autres ports français, car Le Havre et Marseille coopèrent pour la desserte ferroviaire vers la Suisse.

Le débat a ensuite permis de remarquer que cette session avait plus mis en avant la coopération portuaire que la compétition interportuaire.

 

 

8 candidats pour les Trophées « Port du Futur »

 

La séquence suivante « Session Innovation » ouverte par Philippe Deyzine, directeur du pôle de compétitivité Nov@log a donné l’occasion à Didier Burnel, Pôle mer Bretagne Atlantique (et Port de Nantes Saint-Nazaire) et à Alex Lavergne, Pôle Mer Méditerranée, de présenter les pôles et l’accompagnement des porteurs de projets. Huit projets étaient en compétition pour trois prix : celui de la logistique, celui des ports et celui du public. Ils illustrent la grande diversité des natures d’innovations et sont le fruit de nombreuses start-ups :

 

– le GPM Guyane sur le référentiel de management de la sécurité (MASE) qui a abouti à diviser l’accidentologie d’un facteur 2 (photo de tête)

 

– le robot dévaseur; développé par la start-up présidée par Philippe Pétard qui a breveté trois machines (le robot dévaseur, le prétraitement et la machine qui conditionne les sédiments),

 

– le GPM de Marseille – Fos, avec le système SIMAX pour la gestion des matières dangereuses,

 

– la start-up BuyCo dirigé par Geoffroy Willaume qui a développé une plateforme collaborative pour travailler sur un dossier de transport innovant en utilisant la technologie blockchain,

 

– Lud’Eau qui reprend les travaux du cluster de logistique urbaine avec un consortium (promoteur immobilier Quartus, cabinet d’architectes A26, opérateur fluvial et conseil en logistique urbaine green swich meridian)

 

et les trois projets primés 

PRIX PDF 2018 okMGH Sas à Perols avec Green Pilot développé par Jean-Michel Germa, président de MGH, Richard Perez, professeur à l’Université de l’Etat de New York (SUNY) et Marc Perez (PhD Columbia University) afin améliorer la propulsion des pilotines et envisager du tout-électrique, qui reçoit le trophée « Innovation portuaire » 

 

BlueCargo Inc pour optimiser les mouvements de conteneurs sur les terminaux à conteneurs, qui reçoit le prix des ports, testé à Long Beach, à Posrtsynergy à Fos, au TdF de Dunkerque et au terminal du Grand-Ouest à Saint-Nazaire. C’est la première API d’Intelligence Artificielle pour les opérations portuaires fondée sur 2 piliers d’algorithmes a reçu le trophée « Innovation logistique »

 

Fludis présidé par Gilles Manuelle qui a présenté le projet AMME, bateau entrepôt pour la logistique urbaine, qui sera testé à Paris à la fin du premier semestre 2019 et qui a reçu le «prix du public».

 

Cliquez pour lire la partie 2 de la synthèse de la journée du 26/09/2018 rédigée par Geoffroy Caude et reproduite avec son aimable autorisation.

Points de repère

01 10 2018 – Trophée Port du Futur : Trois lauréats

Economie portuaire chiffres 2016 du Cluster Maritime : Ports de commerce et services portuaires


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