France – Mercredi 06/12/2017 – energiesdelamer.eu. L’AFB a demandé à auditionner la société Éoliennes en mer Dieppe et Le Tréport, porteuse du projet qui réunit Engie (47 %), EDP Renewables (43 %) et Groupe Caisse des Dépôts (10 %), avec ADWEN dorénavant Siemens Gamesa.

 

 

Le Consortium sera auditionné le 14 décembre prochain et l’AFB pourrait rendre son avis le 16 janvier 2018, lors d’un conseil d’administration. En effet, le 27 novembre dernier, le projet du parc éolien en mer Dieppe-Le Tréport a bien été évoqué au sein du conseil d’administration de l’Agence française pour la biodiversité (AFB,). Les raisons de l’avis négatif posé en octobre par le conseil de gestion du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale (PNM) ont été exposées et un report a été décidé pour début 2018.

 

 

La polémique continue

 

eolien Olivier Becquet EDM 06 12 2017 Olivier Becquet, membre du comité régional des pêches de Normandie, estime qu’Engie ne pourra pas dire pas grand-chose : « Tout le projet est dans le rouge pour la biodiversité, comme l’indique l’avis négatif du Parc naturel marin, le 20 octobre ».

De son côté, Christophe Leblanc, directeur du développement d’Éoliennes en mer Dieppe – Le Tréport, filiale d’Engie, affirme dans le Courrier Picard : «Nous tiendrons compte du vote du Parc naturel marin : on va étudier les réserves qu’il a apportées sur notre étude d’impact. »

 

Quant au choix de la zone d’implantation, très contestée par les pêcheurs professionnels depuis le début, il est impensable, pour Christophe Leblanc, d’en proposer une autre lors de cette audition : «  La zone est liée à l’appel d’offres » et seul l’Etat pourrait modifier la zone à la suite d’un nouvel appel d’offres, alors que celui-ci a fait l’objet de nombreuses études et d’enquêtes. D’aillleurs, lors des Assises économie de la Mer, Virginie Schwarz avait pris position, en indiquant que « cette zone ne changerait pas ».

 

Pierre Georges Dachicourt, l’ancien président du comité national des pêches, adjoint au maire de Berck, avait déclaré au portail energiesdelamer.eu « regretter que la zone test d’une dizaine d’éoliennes au large de Fécamp n’aie pas été faite il y a une dizaine d’années »

Pour Olivier Becquet, c’est simple, si l’AFB ne suit pas l’avis négatif du Parc naturel marin, elle manquera à sa mission : «Elle est faite pour protéger la biodiversité. Implanter le parc éolien en pleine zone de pêche et de reproduction des poissons, c’est tout sauf protéger la biodiversité. On nous vend les bienfaits de l’éolien mais ce que les industriels veulent, c’est gagner de l’argent avec les tarifs de rachat de l’électricité.»

«Au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, des grands lobbies décident comment les citoyens doivent vivre», appuie Olivier Becquet. «Et ce n’est pas l’éolien qui va créer de vrais emplois. Les emplois, il y en aurait plein dans le traitement des déchets, y compris en mer.» 

 

Toujours d’après les propos d’Olivier Becquet recueillis par Denis Desbleds du Courrier Picard «si l’AFB approuve ce projet, les pêcheurs seront beaucoup moins dociles lors des contrôles en mer. Ce sera chaud ! … si le projet se fait, c’est toute la filière de la pêche professionnelle du Tréport qui disparaîtrait. 

 

Christophe Leblanc GwenaelleHuet eolien Dieppe Le Treport EDM 06 12 2017Christophe Leblanc qui sera auditionné avec Gwenaelle Huet directrice chez ENGIE, s’attendrait, en cas d’avis négatif de l’AFB en janvier, à des conséquences sur l’autre appel d’offres qu’Engie a remporté en même temps que celui de Dieppe – Le Tréport, celui du parc éolien de l’île d’Yeu et Noirmoutier. 

Là-bas, point de Parc naturel marin, donc pas d’avis de l’AFB. «Mais la filière serait touchée, notamment pour Siemens, le fabricant des éoliennes, qui pourrait se demander s’il continue ou pas», affirme Christophe Leblanc. 

 

Une mobilisation sans précédent

 

Le CESER Normandie

 

JL Leger Eolien en mer EDM 06 12 2017

Dans un courrier adressé à Edouard Philippe Premier ministre et à Nicolas Hulot ministre de la Transition écologique, Jean-Luc Léger, 1er président du CESER Normandie depuis le 12/01/2016 (réforme territoriale) rappelle que « les filières industrielles et maritimes comptent sur ce dossier pour soutenir ou relancer leur activité, parce que la Région et ses partenaires ont investi pour former des personnels qualifiés, parce que les habitants soutiennent l’émergence des énergies renouvelables pour améliorer leur cadre de vie et leur santé, et parce que les difficultés soulevées peuvent encore être surmontées, nous appuyons la nécessité de réalisation de ce parc ».

La position du CESER exprime aussi la nécessité de trouver un compromis pour lever les difficultés, notamment en faveur de la préservation des activités de pêche. 

 

« Le maître d’ouvrage doit réagir rapidement pour montrer qu’il prend en compte ces avertissements. Les expériences de concertation des autres parcs éoliens en mer en Normandie (Fécamp, Courseulles) ont montré qu’un consensus était possible. Si l’éolien constitue une opportunité économique majeure pour le territoire, il ne doit pas se substituer à une activité déjà présente, mais s’y ajouter ».

 

Pataquès politique au Conseil municipal de Dieppe et à l’AGGLO

 

Au conseil municipal de Dieppe comme au Conseil de l’Agglomération, l’éolien offshore repoussé par le Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale a occupé les débats.

Une motion du groupe « Unis pour Dieppe », « en faveur de l’installation d’un parc éolien », a été présentée par Sandra Jeanvoine, et a occupé les débats pendant une heure avant d’être rejetée par 17 voix (les élus communistes et apparentés) contre 14… « Un bien mauvais signe envoyé », a regretté Bernard Brébion, président du groupe.

Pourtant, Bernard Brébion disait en introduction, «cette motion se veut consensuelle et rassembleuse au-delà des clivages politiques habituels». Tour à tour, les vice-présidents à l’Environnement, Frédéric Weisz (EELV), à la Politique de la ville, Lucien Lecanu, à la Promotion du territoire, Nicolas Langlois (PCF) le maire de Dieppe, ainsi que le député Sébastien Jumel (PCF), ont critiqué et démonté le texte de la motion. Les griefs souligne le Courrier Picard ?

Une interprétation du texte supposant la mise en cause des pêcheurs et la volonté que «la zone d’implantation des éoliennes soit revue». Sébastien Jumel, qui a évoqué le sujet « avec le ministre Nicolas Hulot», assène : «On n’a pas anticipé les conflits d’usage d’un tel parc. Croire que le retard pris ici met en cause les pêcheurs et quelques élus qui les soutiennent, c’est méconnaître le dossier ». Nicolas Langlois enfonce le clou : «La responsabilité n’est imputable ni aux pêcheurs ni aux élus mais à l’État qui refuse d’entendre les acteurs de terrain». 

Le président Patrick Boulier propose de «rédiger une motion de synthèse à présenter au prochain conseil communautaire». Mais Bernard Brébion «ne croit pas au père Noël» : «Je ne crois pas qu’on puisse faire un texte de consensus avec des contre-vérités, surtout sur la pêche : la commission nautique de septembre dernier a confirmé que le parc serait ouvert aux navires de moins de 25 m. Dire le contraire, c’est mentir. Si on change le lieu d’implantation, on en reprend pour dix ans.» Mais le texte tel quel est rejeté.

 

L’Avis de l’Agence Française de la Biodiversité sera décisive

 

L’administration du Ministère de la Transition énergétique a, semble-t-il, remis tout le monde autour de la table. Mais « si l’avis de l’AFB devait suivre celui du PNM, ce serait une très mauvaise nouvelle pour les porteurs du projet qui ont investi fortement depuis dix ans dans les études et les simulations, qui ont su faire évoluer le projet initial pour tenir compte notamment des demandes des pêcheurs, mais également pour l’économie locale et régionale qui se verrait privée de 125 emplois directs non délocalisables annoncés pour une durée d’au moins 25 ans, au-delà des centaines nécessaires lors du chantier d’installation et des 1500 annoncés au Havre pour la fabrication des éoliennes…

Cet avis est d’autant plus paradoxal et inquiétant que, dans le cadre de la loi sur la transition énergétique, la France s’est fixée comme objectif de réduire de 40% ses émissions de CO2 d’ici 2030 en relevant à 40 % la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique d’ici à cette même échéance. L’éolien en mer (offshore) sera, dans ce cadre, d’un apport déterminant si l’on considère notre richesse éolienne. http://www.dieppe.fr/menus/la-mairie-5/vie-du-conseil-88 

 

Une base de maintenance à Dieppe

 

Fin 2016, Engie avait pu confirmer avec le port de Dieppe la création d’une base de maintenance. « Un investissement d’environ 25 millions»,  avait annoncé Christophe Leblanc, directeur développement du projet Dieppe-Le Tréport.

Lors du salon Seanergy, qui s’est tenu mercredi 22 et jeudi 23 mars au Havre dont le portail energiesdelamer.eu était partenaire, les dirigeants d’Engie avait fait le point sur l’avancée de leur projet et celui d’Yeu-Noirmoutier.

« Des actualités récentes ont été autant de signes positifs pour notre dossier, avait noté Raphaël Tilot, (ex directeur de projet chez Engie qui aujourd’hui occupe le poste Chief Customer Solutions Officer at ENGIE Africa), notamment, la validation de l’accord Siemens-Gamesa par l’Europe. Elle nous donne une visibilité sur l’actionnariat de notre fournisseur de turbines qui reste Adwen. Avec Siemens, nous aurons comme partenaire le premier acteur mondial de l’éolien offshore ! »

 

Un calendrier bousculé

 

Sur un calendrier idéal, les travaux du parc pourraient s’étendre de 2019 à 2021 avec une mise en service progressive dès 2021. Un calendrier qui ne prend pas en compte les recours et les avis négatifs qui sont déposés. 

   

Les discussions s’étaient poursuivies avec les pêcheurs, mais sans succès

 

Sur la forte opposition des pêcheurs de Dieppe et du Tréport, la réponse d’Engie est immuable : « Nous continuons de discuter. Nous devons pouvoir travailler ensemble pour trouver un cadre le plus flexible possible. »

Après la décision du Parc marin, Hubert Dejean de La Batie de son côté avait annoncé sur la WebTV du portail energiesdelamer.eu être prêt, à ce que le Conseil régional de Normandie aide les pêcheurs, à travers le programme Horizon 2020, à financer une nouvelle flotte. 

 

Sources : Comité des pêches, Courrier Picard, AFB, Parc naturel Marin, notre correspond Claude Delhaye

 

Points de repère

 

23/11/2017 – Assises économie de la mer organisées par Le marin avec le Cluster maritime. RTE: Qu’est-ce que l’on attend pour être heureux ?

 

06/12/2017 – Texte sur le site du comité régional des pêches : « Les pêcheurs professionnels se sont dans un premier temps engagés à collaborer pour la mise en place du parc, en contre-partie d’un droit de regard sur le projet et de propositions d’aménagement pour pêcher dans des couloirs. Cependant, aujourd’hui, les professionnels de la pêche maritime refusent catégoriquement son implantation.

Le point de mésentente est surtout basé sur la zone ciblée, en effet le choix n’a pas été fait de façon concerté avec les pêcheurs. Elle se trouve dans un secteur à fort intérêt écologique de par ses fonctions de frayère et de nourricerie, et par sa grande richesse écologique : les ridens, zones Natura 2000… Autant de paramètres, qui en font une région économique importante pour l’ensemble des activités.

Concrètement, grâce aux données VALPENA*, les CRPMEM ont pu déterminer que l’implantation du parc coïncide avec une des zones comportant le plus d’activités pour les entreprises du Nord, Pas-de-Calais, Picardie et Haute-Normandie.

Suite à ces tensions, il a été décidé de mettre en place un Débat Public. L’objectif est à la fois d’informer précisément les citoyens et de faire en sorte que leur avis soit pris en compte.

VALPENA* a été créé par le CRPMEM des Pays de la Loire qui avait fait appel à l’expertise du labo GéoLittomer/CNRS/Université de Nantes, pour développer un outil fiable permettant de décrire et d’évaluer les activités de pêche, reposant sur des enquêtes auprès des pêcheurs et une cartographie à la demande de l’activité de pêche, selon le type de navire, la longueur, le type d’engin, l’espèce pêchée. Sont rattachés depuis les CRPMEM Bretagne, puis Nord Pas de Calais Picardie, Basse Normandie et Haute Normandie, permettant de valoriser les connaissances des professionnels de la pêche sur ces régions.

 

Implication du CNPMEM

 

La Commission Données du CNPMEM se veut un lieu d’échanges des initiatives et expériences des comités des pêches au sujet des différents observatoires qu’ils ont montés ou des projets relatifs au recueil et/ou à l’analyse des données qu’ils mènent. Le CNPMEM, convaincu du bien fondé et de l’utilité de VALPENA encourage les structures à adopter cette méthode, qui permet de placer les professionnels au cœur de cet outil de connaissance cartographique de leur activité.

En 2014, les acteurs à l’origine et/ou utilisant la méthode VALPENA ont formalisé leur collaboration en créant le GIS (groupe d’intérêt scientifique) VALPENA. Le CNPMEM en est partenaire.

 

S. Jumel P. Ridel Nicolas Langlois EDM 06 12 017

 

09/07/2017 – Nicolas Langlois a été élu maire de Dieppe, le dimanche 9 juillet 2017. Il succède à Sébastien Jumel, devenu député, et il a désigné Patricia Ridel première adjointe. Frédéric Weisz, 3e adjoint au Maire est en charge du développement durable et de la transition énergétique.

 

 

 


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