SAN ANTONIO – (Texas – Etats-Unis) – 14/05/2010- 3B Conseils – Après être devenu, grâce à des acquisitions récentes, le troisième producteur d’éthanol des États-Unis, Valero poursuit sa « diversification ». L’annonce faite cette semaine, relayée par Greentechmedia ICI, d’un accord de partenariat établi avec Algenol, fabricant de biocarburants algaux comme son nom l’indique est assez représentatif de la stratégie de Valero qui consiste à s’intéresser à des starts up énergétiques en y prenant des participations juste avant que les biocarburants qu’elles fabriquent arrivent au stade de la fabrication ou d’un embryon de commercialisation.
Je rappelle que Valero est l’un des plus grands raffineurs de pétrole des États-Unis avec à peu près 5000 points de vente aussi bien de gros que de détails aux Etats-Unis. Son entrée dans l’arène des biocarburants a commencé en 2008 et 2009 lorsqu’il a acheté la compagnie de production d’éthanol VeraSun Energy ; c’est aujourd’hui une compagnie dont on parle au passé et qui a permis à Valero de devenir le 3e producteur d’éthanol des États-Unis avec une capacité de production de 1,1 milliards de gallons. On soulignera en passant, qu’à titre de raffineur, Valero est – selon la législation américaine en vigueur – éligible à un crédit d’impôt préférentiel, ce qui a fait de la division éthanol du groupe la plus juteuse (si on me passe l’expression) du groupe. Dans le maelstrom des autres acquisitions faites récemment par Valero dans le domaine des biocarburants toutes technologies confondues. Il faut citer aussi la société Zeachem connue pour fabriquer des biocarburants de deuxième génération à partir de biomasse, de sucres, et d’acide acétique non producteur de CO2 au cours du processus de fabrication. Si les chiffres publiés par Zeachem et les rendements visés sont exacts, il devrait devenir dans les années à venir un des leaders de l’industrie grâce à un biocarburant produit à un coût très inférieur à celui de nombreux autres producteurs de biocarburants de 2e génération. Enfin, Valero a aussi investi chez Terrabon, connu pour utiliser une technologie très innovante (baptisée « MixAlco») de fabrication de biocarburants de seconde génération à partir de micro-organismes et d’acides carboxyliques.
Dans le domaine des biocarburants algaux (qui est celui qui m’intéresse!) Valero avait aussi déjà investi dans le photo bio-réacteur de Solix Biofuels, qui entr’ouvrait la porte à de fabuleuses espérances. La porte n’a fait que restée entr’ouverte car les coûts de production finalement annoncés par la firme se sont révélés si élevés que la compagnie a préféré se repositionner aujourd’hui plutôt sur le créneau des catalyseurs de marchés que sur celui des producteurs. Faut-il donc interpréter les noces de Valero et d’Algenol comme résultant de la déception Solix ? Pourquoi pas ! A ceci près qu’en bon pétrolier qu’il est, Valero ne fait pas de sentiment et se tourne maintenant et tout simplement vers la technologie offrant le plus de promesses de rentabilité dans le domaine des algo biocarburants. Ce serait donc, en l’occurrence, le cas d’Algenol (bien qu’aucune preuve de cette rentabilité ne soit, à l’heure actuelle, fournie). Produisant son carburant à partir d’algo-cultures à ciel ouvert puis de fermentations en bio-réacteur, Algenol développe actuellement deux projets, l’un au Texas et l’autre en Floride. Pour l’instant, les deux projets ont connu un certain nombre de problèmes et de multiples retards, si bien qu’au début 2010, Algenol a largement dépassé la subvention de 10 millions USD consentie par le Comté de Lee (Floride), pour atteindre un plafond estimé à 25 millions USD, principalement fourni par le Département de l’Énergie des Etats-Unis (US DOE). Pour l’instant, dans les médias du pays et auprès des experts, Algenol apparaît comme une société qui ne tiendrait pas ses promesses technologiques et dépenserait beaucoup… Valero n’a jamais révélé les montants investis dans les diverses plates-formes de biocarburants expérimentaux achetées ces dernières années, si bien qu’il est difficile d’évaluer la hauteur de son engagement dans ces technologies. On peut cependant considérer que si des géants de l’industrie pétrolière comme Chevron, Exxon, BP, Shell, et Valero investissent dans les biocarburants expérimentaux, c’est pour que leur savoir-faire permette d’accélérer la transition vers la commercialisation de ces nouveaux algo biocarburants. On peut espérer… mais de nombreux experts ont une vision moins idyllique des motivations des pétroliers et n’hésitent plus à dire que si les compagnies pétrolières investissent autant dans les biocarburants expérimentaux (et surtout quand ils sont à peine parvenus au stade du développement), c’est en fait uniquement pour « mieux en freiner leur développement et les maintenir sous contrôle pour que les consommateurs continuent à dépendre du pétrole. »
Ah! ces pétroliers… quels sombres desseins ne leurs prête-t-on pas, n’est-ce pas ? Ceci dit, d’un autre côté, on ne prête qu’aux riches…

Article : Francis ROUSSEAU

Docs / Sites liés. Photo © Algenol Biofuels.

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