Quai du port de Brunsbüttel

Allemagne (UE). 22/08/2011 – energiesdelamer.eu  – BB. 1/2

L’éolien fait rêver les riverains de la mer du Nord. « Pour sortir du nucléaire, l’Allemagne aura besoin de parcs éoliens géants. Une véritable manne financière pourrait se déverser sur les ports, y compris les plus modestes ».

Nous continuons notre enquête sur les ports avec le reportage de Steffen Fründt paru le 30 juin sur le site Die Welt et qui vient d’être traduit par Courrier international. Complété aujourd’hui et demain 23 août par 3B Conseils / Mer-Veille.com, ce reportage permet de comparer l’évolution d’une politique d’aménagement du territoire… à bientôt deux ans de distance. Lire ou relire l’enquête de Francis Rousseau publiée le 23 novembre 2009.

Energie éolienne – installations offshore
Avec un volume de fret de 10 millions de tonnes, Brunsbüttel est le sixième port d’Allemagne ….. D’Emden, en Frise orientale, à l’île de Sylt, des parcs éoliens géants (Parc éolien offshore de Dan Tysk équipé par Siemens type SWT-3.6-120 ) doivent bientôt surgir de la mer du Nord. L’éolien offshore est l’une des clés de voûte du grand projet énergétique du gouvernement allemand. D’ici à 2020, ces parcs doivent atteindre une capacité de 10 gigawatts. Un chiffre qui pourrait être porté à 25 gigawatts en 2030.
A titre de comparaison, les douze centrales nucléaires allemandes encore en service produisent chaque année un total de 12 gigawatts environ.

L’écoprojet du siècle
New energy : le vrai coût des projets
Près de 100 milliards d’euros seront injectés dans cet “écoprojet du siècle”. Une enveloppe considérable dont tous les riverains entendent bien profiter. Des embarcadères high-tech aux villages de pêcheurs endormis, rares sont les ports de la mer du Nord qui ne mitonnent pas un petit projet offshore. Les Frisons, qui ont été malmenés par les changements structurels, flairent la bonne affaire.

Du front de mer, où se tient Frank Schnabel le directeur du Port de Brunsbüttel, le large apparaît encore vierge de toute construction. A quelques centaines de mètres du port, la centrale nucléaire, arrêtée dans le cadre du moratoire. L’entreprise familiale Schramm, qui a repris le port de Brunsbüttel en 1999, compte bien rentabiliser ces activités avec les parcs offshore.
Fin avril, les 90 pales géantes Repower ont été chargées sur des navires pour rejoindre le parc éolien d’Ormonde, en mer d’Irlande (article du 16 août 2011).

En face, sur l’autre rive de l’Elbe, la société Cuxport, du port de Cuxhaven – hisse des composants de mâts de 140 à 150 tonnes sur des pontons spécialement construits à cet effet. Plus imposants encore sont les supports tripodes en acier sur lesquels viendront se fixer les aérogénérateurs au fond de la mer. Une éolienne de 5 mégawatts de dernière génération a la taille de la cathédrale de Cologne et permet d’alimenter quelque 5 000 foyers en électricité. Le transport de telles machines par voie maritime est une entreprise délicate. “Ce n’est pas à la portée du premier venu”.

Brunsbüttel doit construire un embarcadère polyvalent d’une superficie de 1 à 8 hectares. Montant: de 30 à 50 millions d’euros. Frank Schnabel, pense que les entreprises de l’éolien pourraient installer leurs ateliers de production sur la friche industrielle voisine. Ainsi, d’ici trois ou quatre ans, sur le site même de Brunsbüttel, les rotors géants pourraient être fixés à leurs moyeux, entreposés sur le quai et chargés prémontés, épargnant ainsi du temps d’assemblage en mer. Un atout décisif, car les jours d’accalmie sont rares dans la baie. Le problème, pour les administrateurs du port, sera de trouver la place nécessaire, et les besoins sont énormes : un rotor mesure plus de 120 mètres de diamètre ; les ingénieurs étudient d’ores et déjà des moyens de les entreposer à la verticale. Selon Frank Schnabel, le jeu devrait en valoir la chandelle pour Brunsbüttel : “Une étude a montré que le projet pourrait créer 600 emplois ici. Peut-être même un millier.”

En d’autres circonstances, de tels projets seraient qualifiés de fantasmes. Voilà des années qu’il est question d’exploiter l’énergie verte de la grise mer du Nord sans qu’aucun projet ait véritablement abouti. Certes, 28 parcs éoliens d’une capacité moyenne de 300 mégawatts ont été conçus de A à Z et approuvés sur le domaine maritime allemand. Mais seul le parc expérimental Alpha Ventus, avec sa petite douzaine d’éoliennes, inauguré avec un retard considérable au printemps dernier par le ministre de l’Environnement Norbert Röttgen, est pour l’instant branché sur le réseau. Un mois après l’inauguration, il a déjà fallu arrêter deux machines à la suite d’avaries mécaniques. (Voir annonce du plan offshore en juillet 2010 – Der Spiegel)

Mais le grand tournant énergétique annoncé a propulsé l’éolien offshore de la phase expérimentale à la phase 100 % opérationnelle. Navires spécialisés, câbles sous-marins, main-d’œuvre – tout fait défaut à ce jour, ou presque, alors que 10 000 aérogénérateurs devraient surgir de la mer du Nord. Et partout, sur la côte, on se hâte d’implanter les structures logistiques nécessaires.

photos et graphiques : Der Spiegel
Sources : Courrier International, Der Spiegel, Die Welt, energiesdela mer.blogspot.com
Article : Brigitte Bornemann

La reproduction partielle ou totale, par toute personne physique ou morale et sur tout support, des documents et informations mis en ligne sur ce blog-médias de veille sans autorisation préalable de 3B Conseils et mention de leur origine, leur date et leur(s) auteur(s) est strictement interdite et sera susceptible de faire l’objet de poursuites.


Publicités Google :