CAPE MAY (New Jersey) – Etats-Unis – 24/06/2008 – energiesdelamer.eu – C’est une approche plutôt originale du problème des éoliennes en mer qu’une très dynamique association de pêcheurs professionnels américains vient de proposer ces jours ci.

 

Plutôt que de s’opposer frontalement à tous les projets d’implantation d’éoliennes en mer comme certains de leurs collègues de Cape Cod et Nantucket Sound l’ont fait, les pêcheurs du New Jersey ont décidé de prendre le taureau par les cornes ou plutôt la turbine par l’aileron en constituant le consortium Fishermen’s Energy of New Jersey (FERN) qui se propose de développer lui-même ses propres projets éoliens offshore.

 

Sitôt dit, sitôt fait, le consortium FERN vient déjà de déposer deux propositions en réponse aux appels d’offres de projets éoliens offshore dans le New Jersey et Rhode Island. Le projet de Rhode Island prévoit un total de 80 turbines. Déjà le consortium des pêcheurs professionnels espère installer 8 turbines capables de produire 20 MW d’ici à 2011 au large d’Atlantic City et 64 turbines supplémentaires au même endroit capable de produire 320 mégawatts d’ici 2013. Ainsi donc, un simple groupe de pêcheurs professionnels a pu, grâce à un projet très structuré, damer le pion à tous ces autres concurrents dont certains mandarins de l’éolien offshore comme la vénérable Bluewater Wind ou, encore plus fort, comme la joint venture Winergy Power Holdings LLC et PSEG Renewable Generation LLC.

 

Même si on sait qu’il n’y a qu’aux Etats Unis qu’une chose pareille puisse arriver (c’est pour ça qu’on les aime!), ce qui vient de se passer là reste tout de même extraordinaire ! Le consortium FERN a réuni une équipe digne des plus grandes entreprises éoliennes actuelles du marché (liste complète ICI ) comportant juristes, modélisateurs éoliens, ingénieurs, commerciaux… qui ont, en un temps record, monté un dossier si bien ficelé qu’il a triomphé de tous les autres et a non seulement obtenu le permis de construire mais a aussi permis le commencement des travaux ! Une fois le premier enthousiasme passé, et à y regarder de plus près, on s’aperçoit que le consortium Fern a su mettre à profit un contexte historique unique.

En effet, aux Etats Unis comme en France, aucune ferme éolienne en mer n’a encore été construite à ce jour, si bien qu’aucune compagnie existante ne peut se prévaloir pour voir aboutir son projet, d’une expérience supérieure à celle de son voisin ! C’est un atout majeur, dans un pays où l’égalité des chances reste malgré tout ce que l’on peut en dire, une réalité.

 

Ajoutons à cela qu’en choisissant le Consortium FERN, comme développeur d’un projet éolien offshore, les autorités évitent de se heurter aux principaux opposants, les pêcheurs dont les principaux syndicats sont précisément membres de la FERN ! Dès le début du projet, Daniel Cohen, président de FERN et dirigeant de la plus grosse entreprise de pêche à la pétoncle de la côte Est (Atlantic Capes Fisheries), déclarait avec une désarmante clairvoyance : “ Avec des pêcheurs professionnels comme développeurs des projets éoliens en mer, le principal verrou de blocage saute. C’est parce que nous sommes en premier lieu concernés par les sites, la construction et les impacts des fermes éoliennes en mer, que nous pensons qu’entre nos mains, les problèmes posés ont plus de chances de trouver de meilleures solutions qu’entre d’autres « .

Les observateurs pensent que c’est précisément cette habilité de la FERN à garantir de façon induite un déroulement calme du processus d’obtention de permis, sans manifestation ni opposition violente qui en a garanti la victoire.

Documents de référence : Forbes magazine ; Fishermen Energy Press release du 03/04/02008 ; Carolyn Elefant blog. Photos : éoliennes en mer©Bluewind


Publicités Google :