LAC AMATITLAN – (Guatemala – Amérique Centrale) – 03/02/2010 – energiesdelamer.eu – $200.000 de prix viennent d’être attribués à 26 projets d’énergie propre lors du Concours IDEAS 2009 Energie co-sponsorisé par l’ONG déclarée d’utilité publique GVEP International porteuse du projet, la BID (Banque Interaméricaine de Développement) , Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ) et le Gouvernement Coréen. Le concours soutient des idées qui apportent une réponse innovante aux problèmes énergétiques auxquels doivent faire face aujourd’hui l’Amérique Latine et les Caraïbes.

 

L’objectif de L’ONG GVEP International porteuse du concours est de créer des forces de marché pour financer des programmes d’accès à l’énergie dans les pays en développement et permettre aux entreprises d’énergie propre d’accéder au financement. L’appel aux micro crédits et aux initiatives communautaires locales en marge des grandes manoeuvres financières des géants mondiaux des industries renouvelables est une des solutions favorites de GEVP. En gros aide-toi et le ciel t’aidera, ce qui, on le sait, s’avère être d’une façon générale la moins décevante des alternatives qui s’offrent aux êtres humains !

L’un des nombreux projets sélectionnés par GVEP International (sur lequel j’aurai l’occasion de revenir dans ce blog), apporte une solution spécifique dans un secteur des énergies renouvelables inconnu des régions déshéritées de l’Amérique Centrale : la production d’algo carburants à partir d’algues cultivées en épurant les eaux d’un lac pollué. En plein dans le mille !

 

Le lac Amatitlan, l’un des plus grands lacs du Guatemala et l’un des plus beaux de la planète, bordé par 3 volcans, se trouve au milieu de la vaste étendue de vallées et montagnes qui forment les territoires Sud du Guatemala. Situé seulement à 16 km au sud de la capitale Guatemala City, la vue et le paysage unique qui l’entoure en font ce qu’il est convenu d’appeler un « spot » et un lieu de loisir bien connu des Guatémaltèques. Cependant au fil des ans, la proximité de la capitale n’a pas été sans conséquence sur les eaux du Lac Amatitlan, qui subissent une grave pollution par déversements de déchets organiques non traités et autres engrais déversés à partir du fleuve Villalobos. On le sait bien maintenant, les engrais augmentent la quantité des déchets nutritionnels dans l’eau et provoquent ainsi la prolifération d’algues nocives à la nécessaire biodiversité aquatique. Mais, on le sait ici aussi, les algues ont également un potentiel énergétique, bien que ce potentiel soit régulièrement remis en cause, voire même contesté.

 

L’un des gagnants du Concours IDEAS 2009 Energie n’a pas de doute, quant à lui, sur le potentiel énergétique des variétés de micro algues qui polluent actuellement le lac Amatitlan.

L’équipe composée de deux universités, La Universidad Galileo et La Universidad del Valle de Guatemala, conduit actuellement des recherches et développe des procédés d’extirpation des micro algues polluantes de ces eaux. Une fois soustraites du lac, l’équipe presse ensuite les micro algues pour en extraire une huile qu’elle convertit en biocarburant. Un procédé somme toute assez classique et déjà expérimenté dans de nombreux autres endroits de la planète, mais avec des obligations de résultats quelquefois moins urgentes que dans ce pays d’Amérique centrale. Un laboratoire et une usine-pilote vont être installés sous peu non loin du lac Amatitlan. Pas moins de 655 industries installées autour du lac Amatitlan et environ un million de Guatémaltèques sont appelés à bénéficier de cette nouvelle source d’énergie verte. L’avantage environnemental de ce type d’extraction est indéniable et met quelque peu à mal l’argument récemment avancé par l’Université de Virginie selon lequel la production de biocarburant algal coûterait plus cher en CO2 qu’elle n’en épargnerait.

 

Dans ce projet en effet le seul CO2 utilisé pour la culture des algues est celui qui a déjà été utilisé en amont lors de l’épandage d’engrais et par les industriels avant rejet dans les eaux. Au contraire donc ce procédé, comme tous les procédés qui utilisent des micro algues nourries par des eaux usées, soustrait doublement du CO2. De plus l’extraction des micro algues va permettre de nettoyer le lac et de retrouver peu à peu la biodiversité nécessaire à son équilibre écologique. Des initiatives sont déjà prises pour reproduire ce projet dans d’autres endroits du pays dès lors que la méthode aura franchi son prochain stade de développement. Comme le dit la directrice de GVEP International, Sarah Adams, qui est loin d’être un douce rêveuse utopiste puisqu’elle a passé 12 années chez EDF où elle a été manager du partenariat international du programme Access,  : « Si un modèle de succès commercial peut être défini, il pourra être reproduit pour d’autres lacs et fleuves contaminés en Amérique Latine, souffrant des mêmes maux, afin de transformer les déchets en une énergie propre produite localement « . Accessoirement les micro crédits et les initiatives des communautés locales seront utilisés pour adapter aux besoins d’endroits quelquefois très inaccessibles géographiquement, cette technologie.
Pour le prix d’un projet, on obtiendrait ainsi deux avantages : une source locale de biocarburant et une amélioration de la qualité de l’eau. Tout à fait le genre de projet, modestement mené et qui m’enthousiasme toujours beaucoup, très éloigné des pompeux plans gouvernementaux et des grandes manoeuvres financières.

Article : Francis ROUSSEAU

Docs : sites lés. Photos : le lac Amatitlan ©DP


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