YUCATAN (Mexique) – 11/06/2008 – 3B Conseils – Le projet d’îles artificielles Every Mans Land du bureau d’architectes new yorkais Phu Hoang Office Ltd. est le pendant du No Man’s Land que nous avons déjà présenté ici. Cette fois-ci, il s’agit non pas d’aider Israéliens et Palestiniens à partager une ressource commune en eau potable à partir de la mer, mais de lutter contre un type de ségrégation nouvellement apparu avec le tourisme de masse et qui est à la fois d’ordre écologique et social. Il s’agit de cette ségrégation insidieuse qui tient à distance de la mer et des plages les populations locales pour réserver ces lieux aux complexes touristiques de luxe (ou pas d’ailleurs) mais réservés aux seuls touristes étrangers. Cela crée de fait une situation particulière où la mer est  » réservée aux touristes  » et si ce n’est interdite, en tout cas inaccessible aux autochtones, isolée du reste de la vie locale par la muraille que constitue les complexes touristiques. D’où le nom du projet Every man’s land  » Terre de tous les hommes  » qui se propose de rendre la mer et les plages à tous touristes et autochtones. Comme terrain d’expérience privilégié et lieu d’implantation de cet ambitieux projet, le bureau d’architectes new-yorkais Phu Hoang Office Ltd. a choisi la presqu’île du Yucatan (Mexique), haut lieu de villégiature touristique, emblématique de ce type de ségrégation socio-écologique que l’on retrouve aussi bien en Afrique, dans les Iles de l’Océan Indien, en Asie du Sud ou dans la plupart des paradis tropicaux. Pour tenter de résoudre le problème, Everyman’s Land propose de  » délocaliser  » les complexes touristiques sur des îles artificielles bâties au large, à quelques encablures des côtes tant convoitées.

Cela a pour premier effet immédiat de libérer l’accès aux plages pour les habitants des centres urbains locaux et d’abattre la cloison foncière entre la mer et les villes que constituent les actuels complexes touristiques. La mer reste alors accessible à tout le monde : aux autochtones d’abord dont l’accès aux plages n’est plus entravé par la présence des complexes touristiques en bordure de mer, mais aussi aux touristes qui, résidant sur les îles artificielles au large ont accès à la mer grâce à de multiples plages privées artificielles. Accessoirement d’un point de vue purement urbanistique, cela peut avoir pour effet de stopper la croissance dite en  » ligne droite  » des villes que l’on observe aujourd’hui et l’aspect  » barre de béton « .

La principale critique déjà émise, consiste à dire que ce faisant, on  » ghettoïse  » encore un peu plus les touristes… mais le tourisme de masse étant déjà en soi un ghetto conceptuel… Cette solution a en tout cas l’avantage de présenter un pas décisif vers une ré-appropriation de certains lieux emblématiques par les habitants natifs, sans pour autant en bannir (totalement) le tourisme. Ces îles-complexes touristiques seraient quand à elles développées en fonction de normes écologiques ambitieuses privilégiant la biodiversité et, bien entendu, l’utilisation des énergies renouvelables et de préférence les énergies renouvelables de la mer, en particulier, l’Energie Thermique des Mers, l’énergie des vagues et l’énergie des courants. Ce beau projet a remporté la Mention spéciale du Jury de la Sudapan Competition qui s’est tenue à Yucatan en février 2008.
Article : Francis Rousseau
Documents de référence : sites liés. Photos et plans © Phu Hoang & Hwa-Seop Lee


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