WASHINGTON D.C. – (Etats Unis) – 20/07/2010- 3B Conseils – La catastrophe du Golfe du Mexique a eu pour effet de faire littéralement imploser une administration américaine particulièrement hostile aux énergies marines renouvelables, j’ai nommé le MMS (Minerals Management Service) jusqu’alors tout puissant dans la délivrance de permis d’implantation des plates-formes offshore et dont on se souvient peut-être des oppositions constantes avec le DOE (cf. mes articles plus bas dans la rubrique « A lire aussi sur le sujet »).

 

La collusion avérée de ce service avec l’industrie pétrolière et les nombreux cas de corruption qui ont été révélés, malgré une première réforme dès janvier 2009, auront donc finalement abouti à son éclatement implicite en trois parties distinctes dont une qui nous intéresse particulièrement le Bureau of Ocean Energy (BOE) créé le 21 juin 2010. A peine âgé d’un mois, ce nouveau service aurait, selon la revue en ligne Scientific American, considérablement accéléré des projets d’énergie marines renouvelables jusqu’alors en sommeil depuis des années, comme le parc éolien offshore de 700 MW au large de Long Island et plusieurs autres projets (y compris des projets d’exploitation d’énergie des vagues désormais sous son autorité). Sur la demande expresse de l’administration Obama, le nouveau Bureau of Ocean Energy (BOE) est prié de mettre davantage l’accent sur les énergies renouvelables que sur les énergies fossiles à l’inverse de ce qu’avait fait le MMS. Contrairement au MMS aussi, et de façon à prévenir toute tentative de corruption, le BOE ne pourra pas accorder directement de permis, ni percevoir de redevances. La délivrance des permis et la perception des recettes seront désormais traitées par deux entités distinctes de façon à scinder les responsabilités et à éviter les « tentations ».

 

C’est donc désormais le Bureau of Safety and Environmental Enforcement (BSEE), que l’on peut traduire par « Bureau pour la sécurité et l’application des lois environnementales », qui accordera (ou refusera) les permis après consultation d’expertises environnementales. Et c’est un organisme nouvellement formé Office of Natural Resource Revenue (ONRR), que l’on peut traduire par « Office des revenus tirés des ressources naturelles », qui aura exclusivement en charge de recueillir les redevances et de percevoir les loyers des emplacements concédés sur le plateau continental américain.
Le nouveau Bureau of Ocean Energy devrait donc appliquer une politique beaucoup plus efficace (voire même agressive) de développement des ressources renouvelables en mer dans le droit fil de l’initiative déjà prise par le Secrétaire à l’Intérieur Ken Salazar qui avait formé un « Consortium éolien de l’Atlantique » avec les gouverneurs de huit États de la façade Atlantique de façon à accélérer le développement des énergies renouvelables offshore et à faire approuver le projet Cape Wind ridiculement embourbé (entre autres) dans les arguties du MMS depuis plus d’une décennie.

Le premier dossier que le BOE aura à traiter sera donc celui du parc éolien offshore de 700 MW qui, à peine visible de la terre, sera situé à 14 miles (22 kilomètres) au large des côtes de Long Island et pour lequel un nouveau consortium a été formé réunissant New York utility Con Edison, la LIPA (Long Island Power Authority) et la NYPA (New York Public Authority) en vue de déposer une nouvelle demande d’études de faisabilité. Gageons que cette fois-ci, au contraire de la première tentative menée en 2003, elle aboutira !

 

Le droit au bail pour le projet de Long Island s’élève à 16.000 dollars et concerne une durée de 25 ans ; le loyer annuel est fixé à 200.000 $ que seul l’ONRR est habilité désormais à percevoir. Le Secrétariat à l’Intérieur américain précise que l’ONRR ne recueillera pas un sou avant que la BSEE n’approuve le permis. Une attention particulière sera constamment apportée à ce qu’il n’y ait aucune collusion entre ONRR et BSEE. D’autre part, Ken Salazar a tenu à faire savoir que ces nouvelles normes et ces nouveaux modes de fonctionnement devant éviter la corruption ne concernaient plus seulement le domaine maritime mais seraient aussi désormais applicables sur la terre ferme via le Bureau of Land Management, chargé d’administrer la location des terres pour l’exploitation de l’énergie solaire.

Article : Francis ROUSSEAU

Docs : Sites liés. Photos : Simulations des impacts visuels du parc éolien offshore de Long Island entre 3 et 15 miles de la côte © David Tobias-Project evaluation

A LIRE AUSSI SUR LE SUJET :
LE D.O.E américain et l’élaboration d’un plan pour les énergies marines : suite et… fin ? (3 mars 2009)
L’administration Obama est-elle ambiguë vis-à-vis des énergies marines ? (24juin 2009)
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