PARIS – (France) – 08/12/2008 – Blog Les énergies de la mer – 3B Conseils – Dans le sous-dossier Technologies marines de son dossier Energies et Matières renouvelables (ICI) l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) se livre à une estimation et à une évaluation des ressources renouvelables marines en France intéressante à plus d’un titre. D’emblée l’ADEME annonce la couleur en prévenant qu’il s’agit de  » technologies au stade du développement, dont le potentiel reste à évaluer et dont la maîtrise technologique n’a été abordée que dans les quelques pays qui recèlent une ressource potentielle élevée comme le Royaume Uni, la Norvège ou le Portugal « . Cela laisse supposer, par déduction, que la ressource marine française n’est pas élevée et ce malgré ses 2 mers continentales (Atlantique, Méditerranée), ses 2 mers épicontinentales (Manche, Mer du Nord) et son vaste territoire insulaire – parmi les plus importants de l’Union Européenne – situé dans le Pacifique, l’Océan Indien et la Mer des Caraïbes. Cela n’a pas force d’évidence : beaucoup de mers donc mais peu de ressources, entravées par … allez savoir quoi. Une solution possible est donnée quelque part dans cette page à travers une phrase particulièrement sibylline :  » La part de ces énergies , (marines donc) issue du soleil subit plusieurs transformations, toutes affectées d’un rendement qui réduit l’étendue de la ressource « . Ça laisse bouche bée. Mais comme ces choses là en termes contournés sont dites ! L’ADEME prend la précaution de prévenir que son rôle se limite à l’évaluation régulière des progrès en performances et fiabilité de ces technologies en devenir parmi lesquelles elle classe l’exploitation de  » l’énergie des courants marins ou de la houle, dont le potentiel national est encore mal connu « . Le rôle de l’ADEME est aussi d’évaluer le potentiel d’exploitation sur le territoire national des énergies de la mer en tenant compte de toutes les contraintes. Aucun chiffre n’est cité dans cette page mais, dans un PDF connexe datant de 2005, intitulé  » énergies des océans  » (téléchargeable sur la page déjà liée) l’ADEME se livre à d’amusantes projections de coût de production jusqu’en 2015 et au-delà. Pour plus de précisions sur les chiffres l’ADEME renvoie au site de la Commission Européenne, Coordinated Action on Ocean Energy Project. Ainsi finit-on par apprendre que pour atteindre l’objectif fixé par l’UE de produire 23 % de sa consommation électrique grâce aux énergies renouvelables en 2020,  » la France devra recourir à toutes les sources renouvelables… même aux énergies marines  » (quelle horreur !!!). Mais rassurez-vous, cela ne nous mènera pas très loin, puisque selon le magazine Enerzine qui se fait l’écho (ICI) de l’ADEME, à travers une série de dossiers consacrés aux énergies renouvelables,  » la France pourrait compter sur les énergies marines pour contribuer à hauteur de 1 ou 2 % de l’effort demandé par la directive européenne 2020 dans de bonnes conditions environnementales et de faisabilité  » . Les énergies marines en France sont donc, comme l’amie la rose de la chanson de Françoise Hardy : bien peu de choses … même si de l’aveu général cette (faible) contribution pourrait être plus importante au-delà de 2020. Ouf on respire, ce sera l’affaire de nos enfants… comme tout le reste d’ailleurs ! Tout cela ne fait que confirmer le peu d’enthousiasme de la France pour les énergies renouvelables marines, et leur réelle position dans le concert Européen, et ce malgré l’Initiative PArtenariale Nationale pour l’émergence des Energies MArines (IPANEMA) mis en place en Octobre 2008 et à laquelle l’ADEME a d’ailleurs largement participé.
Il y a tout de même sur cette page de l’ADEME consacrée aux Energies Marines des affirmations un peu étranges, qu’il est difficile de ne pas relever. Ainsi au second paragraphe, après la phrase plutôt banale d’introduction :  » Les sources exploitables aujourd’hui sont les courants marins, les marées et la houle et les vagues  » peut-on lire, stupéfait au point d’y revenir par deux fois avant de le croire, la phase suivante :  » Les mers et les océans recèlent d’autres formes d’énergie comme le gradient thermique entre surface et grande profondeur ou la pression osmotique à l’embouchure des fleuves, mais il n’existe à ce jour aucune technologie permettant de les exploiter « .
Voilà une affirmation qui va ravir les Norvégiens qui exploitent en ce moment même la première usine osmotique expérimentale (cf. notre ICI), et les japonais et américains qui développent à Hawaii l’exploitation de l’E.T.M. depuis plus de 10 ans(cf. nos 13 articles consacrés à l’E.T.M. ICI). Cela ravira aussi les autorités locales de Polynésie Française et de la Réunion qui ont signé récemment des accords de développement et d’exploitation d’usines E.T.M. pilotes dans leurs eaux…
Je ne voudrais pas pour autant terminer sur une note exagérément critique en laissant supposer que l’ADEME n’aime pas les énergies marines. Il y a bien une réelle action de l’ADEME pour permettre de développer une filière industrielle française, dans l’accompagnement mèné depuis 2000 notamment en ce qui les énergies des vagues, des courants et l’éolien en mer. L’ADEME soutient aussi bien la recherche et le développement industriel que les études de faisabilité et le développement d’outils d’aide à la décision. Un intéressant  » outil de zonage offshore  » a été développé pour les services instructeurs de l’Etat dans les régions qui réunit des informations importantes sur les aires de pêche, les secteurs d’extraction et les circuits de trafics maritimes. Les énergies marines font également partie des domaines techniques ciblés par le  » fonds démonstrateur recherche  » dont la gestion a été confiée à l’ADEME qui estime que le succès de la participation des énergies marines au bouquet énergétique français ne sera possible qu’à condition de mettre en œuvre des dispositions favorisant l’efficacité de projets de démonstration. L’ADEME a également apporté son expertise pour l’étude de prospective sur les énergies renouvelables marines à l’horizon 2030, menée par l’IFREMER.
Article : Francis ROUSSEAU
Docs : sites liés. Photos 1 Carte maritime française © DP. 2 Usine Osmotique pilote norvégienne © Statkraft. 3 Usine ETM construite à Hawaii depuis 1993 © Makai Center


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