SAINT-DENIS – (Ile de La Réunion – France- U.E) – 14/10/2009 – energiesdelamer.eu – Deux conventions ont été signées ce 13 octobre 2009 entre l’Etat (le Préfet en l’occurrence) et le Conseil régional de la Réunion dans le cadre du Plan de relance apportant ainsi un premier développement concret à la promesse du Premier ministre François Fillon de consacrer €8 millions à deux projets réunionnais. Une de ces deux conventions concerne le projet d’exploitation d’Energie Thermique des Mers (OTEC en anglais), porté par DCNS ; la seconde concerne l’extraction d’énergies des vagues grâce au procédé australien CETO (propriété de Carnegie) procédé autour duquel EDF Énergies nouvelles (EDF EN) et DCNS travailleraient, semble-t-il, à l’unisson.
Dès avril dernier, je faisais état dans ce blog d’une première convention signée entre le Préfet de la Région Réunion et la DCNS concernant une étude d’implantation d’un démonstrateur ETM dans l’île. Après 8 mois de travaux, DCNS a mis en évidence la nécessité de rechercher les optimisations technologiques devant s’intégrer à ces centrales ETM et identifié les risques techniques du projet.

Concrètement, DCNS va réaliser une centrale-pilote. Elle permettra de valider les systèmes thermodynamiques existants et de rechercher des adaptations techniques, économiques et financières propres au contexte réunionnais. Ce projet-pilote servira également à la fois de laboratoire d’expérimentation pour les chercheurs et d’outil de formation pour les techniciens chargés de l’entretien futur. Les risques étudiés portent sur le pompage de l’eau froide en profondeur et les conditions de l’ancrage. Paul Vergès, président de la Région, a déclaré au magazine réunionnais Clicanoo : “Nous arriverons à tenir le pari de l’autonomie énergétique en collaboration avec l’État et le président de la République. Aujourd’hui s’ouvre une période d’expérimentation sur la réalité des énergies marines. Et ces travaux auront une portée internationale. Nous sommes comme des découvreurs.” Et il a ajouté dans le magazine Témoignages : « Cet engagement a aussi une autre portée internationale. Il consiste à réintégrer dans les frontières de chaque Etat ce qui était la base des conflits « . Pour la valorisation de l’ETM, le montant des dépenses éligibles s’élève à € 6.667.000 euros, dont € 5 millions subventionnés par le Plan de relance de l’Etat. Concernant encore l’ETM, un banc d’essai à terre devrait être testé en 2011 à l’IUT de Saint-Pierre, pour une mise à l’eau du démonstrateur au large du port en 2014. Dans le mix d’énergies renouvelables prévu à l’horizon 2025, l’ETM pourrait fournir 15% de l’électricité de l’île et, d’après les déclarations à Clicanoo de Frédéric Lelidec, directeur développement mer à DCNS : “100 MW en 2030”.
Quant à l’énergie des vagues, dite aussi « houlomotrice », il faut se souvenir que deux technologies différentes sont expérimentées à la Réunion. La technologie de type serpent PELAMIS exploitée par l’entreprise réunionnaise Seawatt et la technologie CETO de la compagnie Carnegie. C’est ce deuxième procédé qui fait l’objet d’une des deux conventions signées le 13. Le procédé CETO sera donc exploité à La Réunion par EDF Energies Nouvelles qui souhaite adapter cette technologie à l’île et préparer sa commercialisation. Un prototype de taille réelle devrait être validé et mis à l’eau fin 2010 au large de Saint-Pierre pour une entrée en production d’électricité prévue en 2012. Patrick Charignon, directeur général d’EDF EN Outre-mer, a déclaré aux deux grands médias écrits de l’île, Clicanoo et Témoignages, : “L’île a un bon rapport entre puissance et surface mobilisée concernant la houle. Une énergie disponible 4 000 heures/an, dont l’intermittence est prévisible assez facilement. La Réunion sera le premier site a expérimenter la technologie CETO à taille réelle. C’est une exclusivité mondiale qui ouvre les portes d’un potentiel gigantesque. Au niveau mondial, la houle dépasse toute la production nucléaire du globe”. Si c’est EDF qui le dit !!!!
Concernant CETO, l’Australie dispose en effet d’une maquette à échelle réduite (cf mes nombreux articles sur cette technologie depuis 2 ans) . Le montant total des dépenses pour la mise en valeur de ce projet à la Reunion s’élève à 4.150.000 euros, dont 3 millions dans le cadre du Plan de relance.
Dans le mix énergies renouvelables à l’horizon 2025, l’énergie des vagues pourrait contribuer pour 1% à la production d’électricité. Un chiffre quelque peu décevant rapproché des déclarations tonitruantes d’EDF EN citées plus haut ! Mais au-delà des chiffres, il semble que chacun soit enfin conscient que le mix énergétique des renouvelables marines contribuera non seulement à remplacer le charbon dans la production insulaire de l’électricité mais aussi à alimenter accessoirement de nouvelles formes de climatisation, d’aquaculture, de la culture d’algues sans parler de la production d’eau douce possible à obtenir en utilisant le procédé de l’énergie osmotique (terme jusque-là barbare et qui commence à se glisser dans les conversations… même insulaires !). La Région s’est engagée depuis 1998 à atteindre l’objectif d’autonomie énergétique en 2025 via le PRERURE. Le projet Gerri, établi par l’Etat à la suite du Grenelle de l’Environnement, va également dans ce sens. En devenant une terre d’expérimentation, La Réunion pourrait bien, comme l’a annoncé le Premier ministre lors de sa visite, devenir le lieu de création d’un Centre des énergies marines. A entendre le Premier ministre d’ailleurs c’est fou le nombre de Centres d’énergies marines qu’il devrait y avoir en France… Que ces souhaits deviennent donc réalité !

Francis ROUSSEAU

Docs. Sites liés. Photo : simulation de centrale ETM ©Temoignages


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