Paris, France (U.E) jeudi 13/09/2012 energiesdelamer.blogspot.com par Brigitte Bornemann

A la veille de l’ouverture de la conférence environnementale, le processus de consultation a largement débuté. Les ministres ont demandé à leurs services des analyses, ils consultent, reçoivent. Le rapport relatif à l’éolien et au solaire a été remis dernièrement, la mission confiée à Louis Gallois, nouveau commissaire à l’investissement doit être rendu début octobre … mais les industriels, les opérateurs semblent perplexes dans l’attente de cette réunion de deux jours.

Mardi dernier, nous avions publié une « indiscrétion » révélée par Reuters et reprise par Les Echos et les réseaux sociaux notamment. Apparemment, personne n’a eu écho du nom de l’industriel qui a ébruité « le scoop » sur l’annonce de la date du volet 2 de l’appel d’offre sur l’éolien en mer et éventuellement un volet 3 sur d’autres technologies, telles que les éoliennes flottantes et les hydroliennes.

Les grands groupes industriels seront en première ligne à la conférence. Les PME et TPE, seront représentées, mais sauront-elles jouer leurs cartes.

Néanmoins, comme le souligne « Arnaud Gossement, avocat environnementaliste qui a su être présent à toutes les conférences importantes depuis le Grenelle de l’environnement, il faut mieux « défendre les intérêts de ses clients en amont, sans attendre le procès. Former un recours tendant à l’annulation d’un décret dont l’application sera préjudiciable aux intérêts du client, c’est bien. Intervenir, lorsque cela est possible, lors de l’écriture du décret c’est mieux ».

Si l’une des nombreuses préoccupations du Gouvernement Ayrault est de relancer la machine sous l’impulsion « normale » du Président de la République, il convient aussi de tenir compte de nos engagements environnementaux, sociaux et économiques.

Le Daily News de ce jour marine-renewable-energy.com publie sur le portail anglais que, d’ici la fin de cette semaine, plus de 4 GW seront produits par des éoliennes offshore au Royaume-Uni. Il donne également les détails sur les 10 parcs éoliens offshore les plus importants du territoire britannique. Le Bureau de coordination énergies renouvelables allemand, qui s’intéresse particulièrement à l’éolien et au photovoltaïque, organise une conférence à l’Ambassade d’Allemagne en France le 15 novembre sur la réduction des coûts de l’éolien terrestre et en mer

Ce qui semble être dorénavant une évidence, est, comment rattraper notre retard. Car malgré les deux appels d’offres, voire les trois, nous serons loin d’avoir atteint l’objectif des 6000 MW pour l’éolien offshore à l’horizon 2020 qui doivent participer à la production d’énergie avec 20% (pour la France 23%) en provenance des renouvelables.
De savants calculs peuvent laisser supposer que ce qui existe déjà, le solaire et l’éolien seront relancés. Mais qu’en est-il pour les énergies renouvelables de la mer ?

Le constat et la question qui circulent dans les différents bureaux de l’administration gouvernementale et sur des réseaux sociaux sont les suivants : l’objectif de 23% d’énergie renouvelable dans le mix énergétique à l’horizon 2020 sera difficilement atteint. D’où les questions :
Est-ce que les pays qui n’auront pas atteints leur objectif seront sanctionnés par l’UE ?
Si oui, quel sera le coût et quelles formes prendront potentiellement ces sanctions ?

Christophe le Visage, ex SG Mer, devenu consultant y répond en partie :
 » En principe oui, la France sera sanctionnée comme pour toute législation communautaire…
Les objectifs à atteindre fixés par la directive de 2009 (repris par le Grenelle de l’environnement) ne sont pas des options, mais des obligations.

Dans ce cas, la Commission européenne se rapproche de l’Etat défaillant pour obtenir des explications; si celle-ci ne sont pas convaincantes (force majeure, etc.), la Commission adresse à l’Etat un avis motivé, auquel l’Etat doit répondre en se justifiant, et en demandant éventuellement des délais. (Mais nul doute que la France demandera des délais). Enfin, si la Commission estime que ces justifications ne sont pas convaincantes ou que les délais demandés ne sont pas justifiés, elle saisit la Cour de Justice de l’UE qui peut condamner l’Etat défaillant à une amende éventuellement accompagnée d’astreintes; amendes et astreintes devraient être supérieures à ce qu’il en aurait coûté de remplir les obligations (de manière à ne pas défavoriser les bons élèves). Tout cela prend des années, en principe à partir du constat de la défaillance (donc 2020, échéance de la directive de 2009)

Les objectifs de la directive visant l’énergie consommée et non produite, la France peut aussi changer de stratégie ; alors qu’elle a annoncé qu’elle remplirait ses objectifs à partir d’énergie produite en France, elle peut aussi envisager de remplir ses obligations en important de l’énergie produite à partir de renouvelables ».

Nous avons posé  à Philippe Gouverneur, ancien directeur général d’Enertrag,  qui avait essuyé les plâtres en remportant le premier appel d’offres français pour installer des éoliennes en mer en 2004 et qui aujourd’hui est président de la commission offshore de la FEE deux questions :

Qu’elles seraient les mesures à prendre pour que les appels d’offres français participent à une relance de l’économie,  permettent de développer de nouvelles compétences et de nouveaux métiers ?
« Tout d’abord il faut se garder de prendre position sur cette rumeur sans en connaître le détail mais les choses sont déjà en route depuis l’appel d’offre de 2011. Bien sur je serai déçu si l’appel d’offres dont il est question en ce moment devait se limiter à 1200 ou 1300 MW, ce qui ne serait alors qu’un rattrapage de ce qui aurait du être il y a plusieurs mois. Nous avions en effet proposé d’ajouter aux deux sites évoqués, devenus plus consensuels au fil des mois, un appel à projets se situant en ZEE pour atteindre les 4000 MW manquants. Il faudrait de plus que l’Etat affirme fortement et sur le long terme sa volonté en faveur du développement de l’offshore alors que la démarche est toujours extrêmement prudente voire variable. Or, il me semble que la pédagogie et le temps sont des éléments trop peu pris en compte alors qu’ils seront déterminant pour faciliter l’acceptabilité et la confiance. Il serait bon également de tenir davantage compte du prix, condition essentielle de la compétitivité si nos industriels et énergéticiens veulent pérenniser et rentabiliser leurs efforts à l’international.
Le volontarisme allemand, avec 200MW installés seulement, mais 8000MW autorisés, est déjà récompensé par 14000 emplois répartis bien au delà des régions litorales. Cela confirme le sérieux de l’objectif des 10000 emplois en France sans doute avant  2020. Nos industriels ont besoin de visibilité pour valider leurs implantations et travailler avec les filières de formation. Par ailleurs, l’émulation voire la collaboration avec des firmes étrangères plus expérimentées est plus que souhaitable pour faire de l’offshore un réel relais de croissance et non une « danseuse ». A cet égard des conditions trop protectionnistes pourraient être contre productives à terme.

Peut-on assurer qu’au niveau local, après les aménagements portuaires nécessaires, les emplois industriels qui disparaissent, pourront être en partie reconstruits à l’exemple de nos voisins du Royaume Uni, de l’Irlande ou de l’Allemagne ?
Les éléments déjà cités sont les clés : une vision long terme et confiante permettra la mise au point des infrastuctures, la formation du personnel qualifié et la valorisation du savoir faire maritime français dans une filière de croissance, partie intégrante d’un mix énergétique remodelé et plus durable. Les régions l’ont compris et espèrent le soutien des politiques publiques nationale et européenne.
Je pense que les financements suivront, malgré les difficultés actuelles, à condition que le business plan de la filière soit solide et durable pour attirer les banques et fonds de pension en recherche de rendement régulier sur le long terme. L’analyse et la maitrise des risques industriels, humains et environnementaux seront également des éléments vitaux pour un bon développement de la filière car les emplois seront non seulement industriels mais relèveront de spécialités extrêmement variées.

Interviews de Christophe Le Visage et Philippe Gouverneur.


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