HOUSTON (Texas-Etats-Unis) – 12/01/2009 – – Blog Les énergies de la mer – 3B Conseils – La compagnie aérienne américaine Continental Airlines a annoncé le 07/01/2009 (ICI) avoir procédé pour la première fois dans l’histoire de l’aviation commerciale américaine à un vol d’essai de 90 minutes sur un biréacteur Boeing 737-800 utilisant un mélange de biocarburants dérivés de jatropha et d’algues. Le biréacteur Boeing 737-800 a décollé de Houston, avec dans ses réservoirs 50% de kérosène conventionnel et 50% d’un mélange de biocarburants jatropha et algues. Le moteur n° 1 utilisait du kérosène traditionnel alors que le moteur n° 2 utilisait le mélange de biocarburants jatropha/algues, de façon à ce qu’une comparaison de performances et de consommation puisse être établie. Le biocarburant était de type « drop-in » c’est-à-dire pouvant être utilisé directement dans le moteur sans que ce dernier ait à subir de quelconques modifications. Après s’être élevé vers le Golfe du Mexique et la Louisiane, le Boeing est revenu vers l’aéroport international de Houston et a parfaitement atterri à 13h45 (heure locale). Ce vol de démonstration a été effectué grâce à une collaboration étroite entre Boeing, GE Aviation, CFM International et UOP filiale d’Honeywell. C’est Sapphire Energy, que les lecteurs de ce blog connaissent bien, qui a fourni le carburant algal.
Ce vol n’est pas le premier utilisant des biocarburants, deux autres vols d’essai ont déjà eu lieu en 2008. Le premier avec la compagnie Virgin Atlantic du milliardaire britannique Richard Branson et le second, la semaine dernière, avec la compagnie Air New Zealand. L’essai de Continental Airlines apparaît cependant aujourd’hui comme le tout premier test de biocarburant fait aux États-Unis avec un avion commercial et surtout s’agissant de biocarburants algaux, même si ceux-ci étaient mélangés à 50% de jatropha. Terrance Scott, porte-parole de la société Boeing a confirmé que le mélange de biocarburants jatropha/algues agissait plus efficacement au décollage que le kérosène classique, faisant selon ses termes  » bondir l’avion au dessus des flots « . Quel enthousiasme ! Continental Airlines de son côté a déclaré aux journalistes du Houston Chronicle présents lors de l’essai que 3600 livres (1632 kgs) de biocarburant avaient été consommés durant ce vol dans le moteur n° 2 contre 3700 livres (1678 kgs) dans le moteur n°1 rempli de kérosène classique. Les journalistes du Houston Chronicle en ont déduit que l’utilisation de ce biocarburant mixte avait permis non seulement une économie de 100 livres (45 kgs) de carburant, soit 0,03 pour cent de la charge, mais qu’avec cette économie le moteur avait atteint une efficacité supérieure à celle atteinte en utilisant du kérosène classique. Voilà qui va exactement dans le sens de ce qu’avait déclaré le jour même du vol d’essai à la chaîne de télévision financière Bloomberg (ICI), le DG de Continental Airlines en disant :  » Nous avons travaillé avec beaucoup de soin à réduire notre empreinte carbone au cours des 10 dernières années « . Même si la partie est loin d’être gagnée, ce qui intéresse les observateurs dans cet essai, c’est surtout l’utilisation de biocarburants algaux et de jatropha (un poison végétal non consommable) c’est-à-dire de substances qui ne risquent pas de faire grimper les prix du marché alimentaire qui n’en a pas besoin. C’est la principale critique qu’avait eu à essuyer en février dernier, Virgin lors de son vol d’essai fait avec un biocarburant utilisant des dérivés de l’huile de coco et de noix de babassu, risquant de reproduire sur le marché de ces deux aliments de base de populations plutôt démunies du globe, ce qui s’était passé quelques mois plus tôt sur le marché du maïs et du colza. Sans compter que ce biocarburant contestable ne représentait que 5 % du total en combustible utilisé pendant le vol de Virgin. Air New Zealand et Continental Airlines, se sont bien gardés de réitérer la même grossière erreur et en faisant appel à des startups comme Sapphire Terasol, ils ont misé sur cette deuxième génération de biocarburants, qui ne sont pas dérivés de produits alimentaires. Ils ont également accru la proportion de biocarburants jusqu’à 50%. Ils vont maintenant devoir prouver que cette formule est réellement intéressante en terme d’empreinte carbone. Jason Pyle, PDG de Sapphire Energy a déclaré :  » Le fait que la simple combinaison du soleil, du CO2 et des algues puisse permettre d’obtenir un carburant renouvelable neutre en carbone a bouleversé à jamais le paysage du monde pétrochimique « . En conclusion Jennifer Holmgren, D.G de UOP Renewable Energy and Chemicals a ajouté :  » Avec le savoir faire technologique d’avionneurs tels que Boeing et Continental Airlines, l’utilisation des biocarburants dans le domaine de l’aviation commerciale civile est devenue un objectif à court terme. Nous croyons que plusieurs centaines de millions de litres par an pourront être produits d’ici à 2012 « . Rappelons enfin que la compagnie Continental Airlines vient d’être classée par le magazine Fortune comme la « World’s Most Admired Companie » (Compagnie la plus admirée au monde) en 2008 .
Article : Francis ROUSSEAU
Docs : Site liés. Photos 1 et 2 : Boeing 737-800 © Boeing


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