PARIS – (France-U.E) – 09/06/2009 – energiesdelamer.eu – Le Groupe 3 du Grenelle de la Mer remet aujourd’hui ses conclusions au MEEDDAT et à Jean-Louis Borloo, ministre d’Etat, ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire. Si nous prenons la peine de citer dans leur intégralité les attributions de ce ministère, ce n’est pas juste pour nous gargariser aux titres, mais pour que le lecteur prenne bien la mesure de l’importance et de l’interaction des missions (historiques) de ce ministère d’Etat. Ceci posé donc, le blog les Energies renouvelables de la Mer a voulu en savoir plus et propose une interview exclusive du président du Groupe 3 du Grenelle de la Mer, Christian Buchet, auteur de la Chronique « Environnement » sur Europe 1.

 

Mais auparavant, il n’est peut-être pas inutile de rappeler au lecteur à qui cela aurait pu échapper, ce qu’est le Grenelle de Mer. Dans la ligne du Grenelle de l’Environnement,  » le Grenelle de la Mer  » a été lancé le 27 février 2009 par Jean-Louis Borloo, pleinement conscient d’une nécessaire réflexion sur le sujet, la France étant présente sur trois grands océans (Atlantique, Pacifique et Indien) et possédant le second domaine maritime mondial et le dixième des récifs coralliens mondiaux (cf. carte en tête). À partir du mois de mars 2009, quatre groupes de travail, associant des représentants de l’État, des collectivités territoriales, de la société civile et des acteurs de l’économie maritime, se sont réunis autour de divers thématiques. Vous trouverez tous les détails sur le contenu précis des travaux du Grenelle de la Mer ICI

Aujourd’hui l’un de ses groupes de travail, le Groupe 3 présidé par Chiristian Buchet et placé sous la vice-présidence de l’Amiral Pierre Soudan, directeur de l’Ecole Navale, et de Gérard d’Aboville, explorateur et homme politique, remet ses conclusions.

Trouvez-vous une volonté nouvelle pour appliquer les propositions faites par les quatre groupes de travail du Grenelle de la mer, notamment celui que vous présidez ?

Christian Buchet :  » Le Groupe 3 dont le thème est « partager la passion de la mer » s’est attaché à définir plus qu’une stratégie de communication, pour mettre en place une révolution culturelle au plan maritime.
Tout l’enjeu de la bonne application des projets découlera de la volonté d’utiliser cette stratégie et l’outil méthodologique que nous avons proposé pour tourner le regard des français vers la mer. Une mer qui est à la fois créatrice d’emplois, porteuse et moteur du développement durable pour contenir, à condition que nous soyons en mesure de la préserver, toutes les solutions pour un avenir durable. »

Jusqu’à ce jour, tout laisse à penser qu’il n’y avait pas de politique s’intéressant aux technologies des énergies renouvelables d’exploitation des océans, percevez-vous un changement d’attitude ?

Christian Buchet : « J’irai même plus loin, de mon point de vue, il n’y a pas eu jusqu’ici dans notre pays de vraie politique maritime. On sait gérer les crises, régler les problèmes conjoncturels au cas par cas, alors qu’une vraie politique maritime suppose de savoir où l’on va et où l’on veut aller à l’horizon de 2020 – 2030. Cela suppose de définir des axes stratégiques et de s’y atteler dès maintenant afin de mettre le cap sur ces objectifs. Vous évoquez les énergies renouvelables de la mer. Cette question est l’un des nombreux champs stratégiques où tout ou presque reste encore à faire. Dans ce domaine, la mer offre tant de possibilités, que ce soit les hydroliennes, les énergies houlomotrices, l’énergie thermique des mers (E.T.M.), sans oublier la biomasse. Concernant l’E.T.M., l’Outre-Mer est et doit être acteur prioritaire d’une telle politique maritime. Certains Dom-Tom, à commencer par l’Ile de la Réunion dispose d’un potentiel considérable en matière d’E.T.M. Renforcer la recherche appliquée est tout à la fois, moyen de faciliter le caractère « vert » de l’île, et de faire de celle-ci, une véritable vitrine technologique à forte création d’emplois pour l’ensemble de la zone. »

Quelles sont vos prochaines étapes ?

Christian Buchet :  » Dès la remise des quatre rapports des quatre groupes nationaux, le 9 juin au Meeddat à l’Hôtel de la Marine, une vaste consultation va suivre sous deux formes :
– des réunions dans les régions et les Dom Tom
– des propositions faites par tout un chacun, appelé à intervenir et à faire des propositions sur le site web du Grenelle avant qu’une table ronde finale réunisse les principaux acteurs fin juin ou début juillet.

Pour ma part, j’ai eu le privilège de conduire une délégation composée d’un représentant par Collège en Martinique, en Guadeloupe et en Guyane. Jérôme Bignon, quant à lui, a conduit une mission dans l’Océan Indien, à Mayotte et à La Réunion. Des réunions vont maintenant se tenir en Région. Le 19 juin, j’animerai celle qui se tiendra à Saint-Pierre et Miquelon, et le 24 juin celle qui se tiendra en Alsace. La réunion Grenelle de la Mer à Brest se tiendra le 23 juin et sera co-présidée par Jean Daubigny, préfet de Région Bretagne, Vice président du Groupe 4 et l’Amiral Pierre Soudant, directeur de l’Ecole Navale, Vice président de mon groupe. »

Quel était le but de votre mission dans les DOM TOM ?

Christian Buchet :  » Il s’agissait de rencontrer les acteurs locaux, de faire remonter les propositions et je ne peux manquer de souligner que la plupart des DOM-TOM vivent comme la France hexagonale, c’est-à-dire en étant très peu tournés vers la mer. L’Outre-Mer n’est pas suffisamment consciente de ses atouts maritimes. En Guyane, il dispose de 350 kms de côtes et de 50 000 km2 d’espace maritime au titre de la ZEE et il n’y a pas de vraie station marine de recherche. L’ensemble des acteurs, que ce soit l’Ifremer, la DIREN, les ONG, souhaiterait disposer d’un navire côtier mutualisé pour observer, connaître, analyser et protéger l’extraordinaire biodiversité marine de cette zone amazone à spécificité multiple. »

Lors du Grenelle de l’Environnement, vous aviez fait preuve d’un mouvement d’humeur en déclarant que la mer était la grande oubliée. Vous aviez appelé dans votre chronique sur Europe 1, à un Grenelle de la Mer, une idée qui avait été également relayée par Lucien Laubier (océanographe, membre associé de l’Académie des sciences) et Michel Ricard, président du Conseil national du développement durable et des entretiens Science et Ethique de Brest. Etes-vous aujourd’hui satisfait des travaux qui sont menés ?

Christian Buchet :  » Le Grenelle de la mer a fait naître un immense espoir. Reste aux politiques à oser « enclencher » cette vraie politique maritime que tous les acteurs, qu’ils soient économistes, sociologues, écologues, professionnels appellent depuis longtemps de leurs voeux. »

Brigitte BORNEMANN-BLANC – Francis ROUSSEAU

Carte de la France et de l’Outre-Mer ©Wikipedia. Photo Christian Buchet © Europe 1


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