SAINT-DENIS – (Ile de la Réunion – France – U.E) – 11/06/2009 – energiesdelamer.eu – Deux mois après la signature de la convention (cf. notre article du 09/04/09 ICI) Recherche et développement entre la Région Réunion et DCNS, le projet d’installation d’un démonstrateur E.T.M. vient de franchir un nouveau palier.
Selon la presse locale (Témoignage ICI et Clicanoo ICI) DCNS, premier constructeur naval européen, est revenu présenter les premières esquisses du démonstrateur à la Réunion. Je rappelle que la technologie E.T.M. permet de produire de l’électricité grâce à l’exploitation d’un différentiel constant de température entre l’eau de surface (22 à 26°C ou plus) et celle des grandes profondeurs (3 à 5°C). Ce différentiel constant n’est présent toute l’année qu’en zone tropicale et intertropicale. Jules Dieudonné, directeur du plan Energie climat à la Région, fait remarquer que :  » Cette technologie d’avenir permettrait d’ici 2030 de remplacer la consommation de 400 000 tonnes de charbon dans notre mix énergétique”. Selon les estimations les plus enthousiastes, l’E.T.M. pourrait même assurer 25 % de la production totale d’électricité de la Réunion, soit entre 100 et 160 MW. Mais bien que l’île en ait parfaitement la capacité (et la volonté !), nous n’en sommes pas encore là. Si le prototype présenté (cf. Illustration) par DCNS n’est pas “contractuel” et peut encore évoluer, les ingénieurs ont déjà cependant une idée assez précise de ce que pourra être cette plateforme E.T.M. offshore. 30m de diamètre, 15m de hauteur au-dessus de la surface, un poids de 7 000 tonnes et 1, 5 MW de puissance en phase pré-industrielle… Le site d’implantation lui-même est pratiquement arrêté : ce serait en face du port de la Pointe-des-Galets à environ 8 ou 9 kms des côtes, ce qui rendrait la plate-forme quasiment invisible du rivage (cf. simulation). La proximité des infrastructures portuaires semblerait avoir été un atout décisif dans cette décision d’implantation, car la Pointe des Galets n’est pas le seul site possible qui ait été sondé et retenu autour de l’île de la Réunion pour exploiter l’E.T.M. D’après les relevés réalisés par l’Arvam(*) et l’Arer(**) un potentiel d’exploitation d’eau à 3°C entre 1000 et 1500m de profondeur a été trouvé aussi au large de Sainte-Rose, de Saint-Denis ou du Port, ce qui fait dire à Laurent Gautret, directeur technique de l’Arer que le région Réunion  » n’a rien à envier à Hawaï, qui porte également un projet analogue ”.
Tout aussi enthousiaste mais plus pragmatique, Jean-François Le Bert, chef de projet E.T.M. à DCNS, a confié à Clicanoo : “ Notre entreprise qui construit des sous-marins nucléaires a horreur du risque. Nous allons boucler en 2009 l’étude de faisabilité et avancer étape par étape. Nous devons notamment nous assurer que le tuyau reliant la plateforme offshore et la terre soit bien solide. D’autres expériences ont montré que c’était là un point névralgique fragile. Concernant la plateforme en elle-même, on s’appuie sur les process utilisés pour les champs pétroliers offshore du golfe du Mexique soumis aux cyclones ”.

On est bien inspiré à la DCNS d’afficher une certaine prudence et ce malgré les déclarations au plus haut niveau de l’Etat français en faveur des énergies renouvelables, mais peut être désormais les choses sont-elles appelées à aller un tout petit peu plus vite que prévu. Peut-être… En tout état de cause, les premières données du plan de financement devraient être présentées dès septembre.

 

Et le calendrier technique s’établirait comme suit :
– 2011 : mise en test d’un premier prototype de 15 KW à l’IUT de Saint-Pierre.
– Mai 2013 : début de l’installation du démonstrateur en mer au large de la Pointe-des-Galets
– Début 2014 : mise en service sur le réseau d’un prototype d’une puissance de 1,5 MW, dernière étape avant la phase industrielle.
En ce qui concerne la question capitale des emplois que cette opération permettrait d’apporter dans la région, on estime que le seul montage du démonstrateur pourrait permettre de fournir localement du travail pour 120 personnes pendant six mois. La fabrication des pièces se faisant hors de l’île, cela n’apportera aucun emploi dans la région, mais sans doute ailleurs sur le continent européen par exemple.
La concurrence, pour n’être pas des plus rudes, est cependant d’ores et déjà lancée à travers le monde : les Américains à Hawaï avec Lockheed Martin (cf. notre article du 21/11/08 ICI), mais aussi le Japon et l’Inde qui ont travaillé ensemble même si sans beaucoup de succès notoire jusque -à sur l’E.T.M. La Région Réunion a tout à gagner à essayer de devenir un leader européen en matière d’énergies marines grâce à l’E.T.M. que sa situation géographique lui permet d’exploiter de façon privilégiée. D’autres technologies marines sont aussi explorées à la Réunion comme l’énergie des courants sur laquelle je reviendrai dans l’article de demain avec l’installation d’un courantomètre à Saint-Paul le 6 juin dernier.

Pour plus de détails sur la technologie E.T.M., j’engage toujours à consulter le site très documenté du Club des Argonautes et les articles de Michel Gauthier ICI

Article : Francis ROUSSEAU
Refs : sites liés. Photos 1 : maquette d’une probable unité de production ETM ©DCNS. 2 : installation au large de la maquette de l’unité de production ETM ©DCNS
(*) Arvam : Agence pour la recherche et la valorisation marine
(**)Arer : Agence régionale de l’énergie Réunion


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