France  – 24/01/2011 – energiesdelamer.eu – DCNS, leader européen du naval de défense, a créé l’événement ce week-end en présentant largement à la presse écrite et audiovisuelle son spectaculaire projet de centrale nucléaire sous-marine de petite capacité, FLEXBLUE, faisant ainsi basculer habilement son savoir-faire vieux de 40 années du domaine des sous-marins nucléaires à celui du nucléaire sous-marin ! La technologie Flexblue était développée dans le plus grand secret depuis quelques années par DCNS. La voilà aujourd’hui portée en pleine lumière par Patrick Boissier qui a déclaré : « Flexible Energy Blue, comme la mer et l’énergie, est un concept sans équivalent sur le marché qui permet d’apporter une source d’énergie sûre, continue, compétitive, qui n’émet pas de CO2, modulaire, un concept qui n’aurait pas d’impact sur le paysage et accessible par la plupart des pays ». Il s’agit d’un concept qui intègre des technologies déjà bien connues et parfaitement maîtrisées par DCNS qui a construit les chaufferies des sous-marins nucléaires français et du porte-avions Charles de Gaulle.  » Sous-marins nucléaires, porte-avions, nous avons monté 18 centrales nucléaires ! « , explique Patrick Boissier. Flexblue utilise donc toutes les technologies éprouvées existant déjà chez DCNS, ne nécessitant pas de lourds investissements, ce qui devrait en toute logique permettre d’obtenir un produit capable de fournir de l’électricité à un coût compétitif.

Même si la silhouette de Flexblue évoque immédiatement celle d’un mini sous-marin nucléaire, aucune des caractéristiques de sous-marins militaires ne sera pour autant présente à bord, DCNS estimant qu’elles ne sont pas utiles au bon fonctionnement d’une centrale sous-marine civile qui opère dans des conditions et à des profondeurs différentes de celle des sous-marins. Le combustible nucléaire utilisé serait celui, aux normes civiles, utilisé dans les centrales terrestres. Dans le cas précis, le savoir faire indéniable de DCNS en matière de chaufferies nucléaires militaires permettra simplement de faciliter la réalisation d’un tel projet civil et d’espérer une mise en service rapide (un prototype est d’ores et déjà annoncé pour 2017). Mais concrètement comment se présentera Flexblue et de quoi sera-t-il composé ? D’un cylindre d’une centaine de mètres de longueur, de 12 à 15 mètres de diamètre, dont les entrailles abriteront, au sec, un réacteur nucléaire produisant de façon classique de la vapeur qui fait tourner un groupe turbo-alternateur, ainsi qu’une centrale électrique. Flanqué de ballasts pour se déplacer verticalement, Flexblue serait accessible pour toute intervention humaine de réparation ou d’entretien via un mini sous-marin de transport, bien que DCNS précise que « l’objectif n’est pas de concevoir une centrale sous-marine habitée ». Il s’agit d’aboutir à une unité télé-opérée depuis une installation de contrôle à terre. Immergé entre 60 et 100 mètres au-dessous de la surface de la mer, chaque module Flexblue pourrait être positionné à une distance de 5 à 15 kilomètres du littoral. L’énergie produite (50 à 250 MW) serait acheminée vers la côte par câbles sous-marins. Une fois parvenue en fin de vie, DNCS s’engage à prendre en charge le démantèlement de Flexblue. DCNS fait remarquer que son concept est également évolutif et peut monter en puissance en fonction, par exemple, de l’augmentation des besoins énergétiques. Ainsi, il est possible de mettre côte-à-côte plusieurs modules indépendants, offrant, par ajout successif, de la puissance supplémentaire. Cette configuration en forme de ferme sous-marine nucléaire permettrait aussi de maintenir la production pendant l’entretien de l’un des réacteurs.

A ceux qui s’interrogent sur les bénéfices de l’immersion d’un réacteur nucléaire, DNCS répond qu’ils sont nombreux en termes « de sécurité et d’environnement ». La solution immergée permettrait en effet de mettre la centrale à l’abri des aléas du changement climatique ou de catastrophes naturelles perceptibles en surface (il existe en Russie un projet de centrale nucléaire en mer assez vulnérable puisque posée sur une barge à la surface des flots) ou à terre (sécheresse, tremblement de terre, tempête, tsunami). Le concept présente en outre l’avantage de dispenser son installateur des coûts très importants liés au génie civil dans le cas d’une implantation de centrale nucléaire terrestre. Enfin, grâce à sa capacité à être positionné à proximité des zones de consommation, Flexblue évite d’avoir à installer sur de longues distances des lignes à haute tension. Flexblue a une empreinte très réduite sur le milieu naturel, étant notamment invisible depuis la côte et, selon ses promoteurs, aucun impact sur la faune et la flore marines bien que bénéficiant, grâce à la mer, d’une source de refroidissement naturelle inépuisable (l’eau de mer de refroidissement circulera dans des circuits isolés des éléments radioactifs). Sur ce point précis du refroidissement à l’eau de mer, André Kolmayer, patron de la division nucléaire civil chez DCNS, répond dans un entretien accordé à L’Expansion :  » Il faudra faire une étude environnementale, pour voir quelles seront les conséquences en termes de dégagement de chaleur « . Ce dégagement serait, selon certaines associations environnementales, de l’ordre de 4 degrés dans le pourtour de la structure mais cette donnée, pour l’instant empirique et très contestée, ne pourra pas être prise au sérieux tant qu’une étude spécifique n’aura pas été menée sur le sujet.

A une autre question de L’Expansion de savoir quel type de gestion est envisagée pour les déchets nucléaires, André Kolmayer répond :  » Cela fonctionnera comme n’importe quelle autre centrale. Les déchets seront stockés au même endroit. Tous les deux à quatre ans, on la sort en injectant de l’air dans les ballasts, qui font remonter le module à la surface. On le place sur un bateau transporteur, qui l’amène sur le chantier naval, on ouvre la chaudière, on sort les vieux assemblages et on met les nouveaux ». L’objectif visé par DCNS avec ce type de centrale est de faire passer la durée de vie du combustible, qui est actuellement de l’ordre de 18 mois maximum pour les centrales terrestres, à 2, 3 ou même 4 ans dans une centrale comme Flexblue. Dans cette même interview à L’Expansion, la question de la protection contre le risque terroriste a été aussi posée et la réponse est : « Il faut déjà que les terroristes soient suffisamment équipés. Mais nous allons les protéger (les modules) par un maillage en acier, qui fera exploser les mines et les torpilles à distance suffisante du module ».

Le concept, qui entre en phase d’étude de validation en partenariat avec AREVA, EDF et le CEA, nécessite un investissement de plusieurs centaines de millions d’euros et ne cache pas qu’il s’adresse d’abord aux pays émergents, aux Etats Insulaires ou à tous ceux qui ne nécessitent pas une grosse centrale à proximité. Dans cette affaire, c’est DCNS qui pilote : les unités Flexblue seront construites sur les chantiers navals de Cherbourg. Mais tous les sites de DCNS sont appelés à travailler : l’ingénierie à Brest, Toulon et Lorient ; les équipements avec les sites d’Indret (44) et Ruelle (16). Pour la maintenance, les sites de Toulon et Brest seraient tout-à-fait adaptés.
Cette innovation majeure permettra de conforter le leadership français dans le domaine du nucléaire et répondra aux besoins en matière de centrales de petite et de moyenne puissance, tout en n’oblitérant pas le développement du reste des énergies renouvelables marines, crainte que certains ont déjà émise.

Docs : Sites Liés. Images. 1 Fermes Flexblue ©DCNS 2. Prototype Flexblue© DCNS 3. Transport de Flexblue pour installation/désinstallation en mer ©DCNS

VEUILLEZ NOTER
Aujourd’hui, en vous rendant directement dans la colonne DERNIÈRES NOUVELLES (à droite) du blog, vous trouverez une résumé de l’article du FIGARO de ce jour annonçant la divulgation pour demain à Saint Nazaire des 5 sites propices à l’installation de l’éolien offshore sur les côtes françaises et le lancement de l’appel à projets correspondant.

 

https://www.youtube.com/watch?v=NbaRq1T4Dbk


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