CAEN – (France -U.E.) – 15/04/2010- 3B Conseils – Deux opérateurs éoliens différents NEOEN d’un côté et EOLE RES de l’autre ont fait acte de candidature (si on peut dire) pour implanter des parcs éoliens dans la Manche dans un périmètre situé entre la côte française et les îles dites  » anglo-normandes ».

LE PROJET NEOEN
Le premier projet est le projet de NEOEN, filiale du nouveau groupe français de production d’électricité Direct Energie, qui ne cache pas son intention de construire rapidement une plate-forme éolienne offshore dans la Manche et qui affiche fièrement sur son site internet un compteur en MWh comptabilisant l’énergie verte produite par la compagnie (Cf. Usine Nouvelle du 8/01/2010). Situé à 7 kilomètres des côtes de Saint-Germain-sur-Ay et Bretteville-sur-Ay, le parc de 20 éoliennes devrait disposer d’une capacité de production de 100 MW pour un investissement estimé entre 300 et 350 millions d’euros. Ce parc devrait entrer en service en 2013 et faire partie de la première ligne de ceux qui devraient permettre d’atteindre l’objectif gouvernemental de 6000 MW d’énergie éolienne offshore en 2020. Après les procédures d’usage, dont l’enquête publique, le parc éolien offshore de NEOEN dans la Manche alimenterait en électricité l’équivalent de 140 000 foyers hors chauffage. Concernant ce projet, Philipe Déchelotte, responsable des énergies marines à NEOEN, a déclaré :  » C’est un projet sur la durée. Nous finançons, construisons et exploitons. D’ailleurs les études, engagées en 2009, sont terminées et nous avons déjà engagé la concertation avec les usagers du périmètre, collectivités, pêcheurs… Côté financement, nous avons les moyens de nos ambitions « . Direct Energie a en effet ouvert en 2009 son capital au groupe Louis Dreyfus et à Crédit Agricole Private Equity qui ont souscrit à hauteur de 10 millions d’euros chacun. L’opération a permis à NEOEN de doubler son capital d’origine de 18 millions d’euros et donc d’avoir largement les moyens de conduire ses projets à leurs termes y compris ses projets éoliens offshore.  » En l’espace de six ans, Direct Energie est passée du statut de start-up à celui de challenger d’EDF « , avait rappelé à cette occasion Xavier Barbaro.

LE PROJET ÉOLE-RES

Un autre porteur de projets éolien ÉOLE RES, filiale du géant du BTP britannique McAlpin, s’intéresse de près à la Manche et projette d’installer aussi une trentaine de machines au large de Portbail. Ce parc appelé « parc des Grunes, situé entre 5 et 10 km de la plage de Saint-Rémy-des-Landes (Manche), entre l’île de Jersey et la façade ouest du Cotentin, serait le premier parc offshore en France de la société ÉOLE-RES qui compte déjà plusieurs réalisations onshore dans l’Est et le Sud-Est de la France notamment. Selon les sources de la société, 25 à 30 éoliennes d’une puissance totale de (+ou-) 100 MW seraient implantées pour une production annuelle envisagée de 310 millions de kWh. Olivier Guiraud responsable énergies renouvelables marines chez ÉOLE-RES expliquait à Ouest France :  » Ce lieu nous intéresse depuis 2000, en partie à cause de la profondeur d’environ 12 m, et de ses fonds rocheux qui favorisent l’ancrage des machines. » Selon lui ce parc gênerait peu l’activité des pêcheurs caseyeurs et fileyeurs de même qu’il serait sans conséquence sur la navigation des navettes reliant Barneville à Jersey. Plus finement, deux emplacements ont été pressentis : le premier au-dessus des  » Bancs Fêlés « , avec une vingtaine d’éoliennes sur 3 rangées parallèles, le second plus au sud, au-dessus de  » La Jument « , avec 20 éoliennes alignées sur 8 km. Il semblerait que le projet ait le soutien des élus locaux, bien que comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises c’est, dans ce cas précis, à l’Etat et au Préfet maritime qu’appartient la décision finale. La société espère boucler son dossier à la fin de cette année 2010, pour une mise en service en 2012. En 2004, une première demande d’Éole-Res avait été refusée :  » Cette fois nous avons lancé une vaste initiative de concertation, animée par l’association des 7 vents du Cotentin. Ce projet doit répondre au consensus le plus large possible.  » Mais, malgré cette belle assurance, la partie n’est pas gagnée et plusieurs autres associations s’opposent toujours à l’implantation des éoliennes même offshore. ÉOLE-RES a l’intention d’investir quelque 300 millions d’euros dans la construction de ce parc, et reverserait une redevance aux communes et aux ports évaluée entre 10.000 et 12 000 € du mégawatt par an. En retour, elle pourra revendre pendant dix ans de l’électricité à EDF, au tarif « préférentiel » et incitatif de 13 centimes d’euro le kWh. Dans tous les cas d’implantation actuellement proposés aucune incidence sonore ne peut s’exercer sur le rivage, l’incidence n’étant que de 55 décibels au pied du mât. La zone de sécurité autour de chaque éolienne sera définie par le Préfet Maritime (à titre d’exemple au Royaume-Uni, elle est de 50 m autour d’une éolienne). Pour la distribution, EOLE RES possède déjà un terrain avec un raccordement possible à une ligne électrique existante. Des emplois directs (une quinzaine), dont 2/3 dans la région, ont été prévus avec une structure de maintenance et d’exploitation sur place. Concernant l’impact touristique, important dans cette région proche des îles anglo-normandes et très visitée en été, une enquête en cours est consultable. D’autre part des contacts ont été pris avec les compagnies maritimes qui transitent sur cette zone : la Société Emeraudes Lines serait d’accord pour dévier sa route et y verrait même un attrait touristique supplémentaire. En ce qui concerne l’impact sur la faune, on sait par expérience ailleurs en Europe que les mammifères ont tendance à s’éloigner de la zone pendant les travaux d’implantation et à y revenir rapidement ensuite. En ce qui concerne les poissons : la démonstration a été faite à de nombreuses reprises que la base des mâts d’éoliennes constitue pour eux un récif artificiel qui permet leur développement et leur reproduction. Concernant plus généralement la gestion des ressources naturelles et halieutiques en Manche, on lira avec profit l’article « La manche sous surveillance de l’Ifremer » paru sur le blog Science et Ethique hier. Lors de la réunion publique qui s’est tenue voici quelques semaines, les conseillers municipaux s’interrogeaient notamment sur le pouvoir décisionnaire de leur commune. Il leur a été clairement répondu que c’est le Ministre, le Préfet Maritime et le Préfet qui décident. Une enquête publique est désormais lancée et une étude d’impact va démarrer. La Commission de Régulation de l’Energie (CRE) et le Ministère de l’Industrie gèrent l’appel d’offres. La Préfecture de la Manche est le centre d’instruction administrative du dossier.
Maintenant la grande proximité des zones d’implantation de ces deux parcs autorise bien sûr à se poser sérieusement la question de savoir si ces deux parcs sont en concurrence ou complémentaires ? C’est encore ue fois à l’État de répondre.

Article : Francis ROUSSEAU

Docs : sites liés. Photos : 1. Carte de la ressource éolienne offshore sur les façades maritimes françaises © Geolittoral . 2 Carte implantation Manche – iles anglo normandes


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