SAINT BRIEUC- (France – U.E.) – 09/02/2011- 3B Conseils – C’est donc dans un contexte très « contrasté » pour l’éolien mondial (sur lequel je reviendrai sous peu) qu’un Consortium formé de trois poids lourds, Poweo, EDF EN et Alstom, a annoncé sa volonté d’investir jusqu’à deux milliards d’euros dans l’éolien offshore français, secteur en pleine phase euphorique après des années de stagnation. Cette somme (la première réellement annoncée dans le domaine) n’est ni plus ni moins que le prix d’entrée sur le futur site éolien offshore de la baie de Saint-Brieuc (500 MW). Même si seulement environ 20% de fonds propres devront être justifiés, l’investissement représente en réalité tout de même €400M, loin d’être à la portée du premier investisseur venu, comme le souligne un article du Télégramme paru hier. D’autant que, pour l’instant, je me permets de rappeler, à la suite de nombreux experts du secteur, que le cadre juridique (à distinguer du cadre législatif) régissant l’implantation des éoliennes en mer est toujours assez flou en France où l’implantation de plates-formes à si grande échelle au large du littoral national est une première.

Depuis le 25 janvier dernier, date de l’annonce officielle concernant les 5 sites propices français, l’éolien offshore est devenu désormais le champ de bataille des géants de l’industrie. EDF Energies Nouvelles, Alstom et Poweo ne sont pas les premiers a annoncer la couleur (cf. article du 20 janvier 2011) ou annonce DCNS /STX, mais ils ont été les premiers à s’y prendre aussi tôt (cf. article du 21 janvier 2011) et surtout à concrétiser financièrement leur engagement en annonçant des chiffres ! Au quotidien breton Le Télégramme, Jean-Philippe Pagot, directeur régional de l’éolien en mer chez Poweo Energies renouvelables, déclare : « Nous serons candidats pour quatre des cinq sites propices. A Saint-Brieuc, ce groupe est le plus crédible et le mieux positionné au regard de l’appel d’offres. Notre ambition est de devenir un acteur majeur de l’éolien offshore en France ». Comme ils sont plusieurs sur le créneau, ça promet d’être sportif ! Concernant la baie de Saint-Brieuc, Poweo peut se prévaloir de deux années de mesures sur zone, dans le secteur du phare du Grand Léjon. Même si le site retenu par l’Etat est plus au nord, ces deux années pourraient aujourd’hui jouer en faveur de Poweo qui a déclaré (toujours au Télégramme) que « le gisement de vent analysé y était plus important ». Si des modifications de l’orientation des machines semblent être envisagées pour qu’elles ne se gênent pas entre elles, l’écart entre les rangées d’éoliennes reste par contre visiblement un sujet tabou. Pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris à travers les projets déjà réalisés en Europe du Nord, les projets éoliens en mer sont toujours des projets à fortes contraintes (environnementales, humaines, industrielles et économiques). A Saint-Brieuc, Poweo devra composer avec le prix du Mwh proposé par l’Etat dans l’appel d’offres (entre 105 et 160 € par Mwh) et le fait que l’intégralité du domaine concédé n’est pas exploitable pour des raisons géographiques : en effet sur les 180 km² réservés à l’éolien dans la baie de Saint-Brieuc, le Consortium prévoit d’en exploiter la moitié. Les raisons : au nord de la zone les hauteurs d’eau (50 m) sont trop contraignantes et au sud de la zone le Consortium ne veut pas empiéter sur les secteurs de pêche. 
De façon à limiter au maximum l’impact visuel, considéré par certains comme une nuisance, la centaine d’éoliennes prévue sera répartie assez loin des côtes avec une première rangée à 16 km de la côte et une dernière rangée à 30 km.
L’éloignement et la puissance du champ d’éoliennes rendront nécessaire la construction d’un transformateur en mer (appelé aussi sous-station). Deux câbles de raccordement électrique en sortiront pour aboutir sur la plage des Rosaires. L’ensouillage des câbles transportant le courant produit en mer au voisinage de câbles telecom déjà existants sera réalisé de manière à minimiser les impacts sur tous les usages. L’appel d’offres sera officiellement ouvert par le gouvernement en mai prochain pour une mise en fonctionnement prévue en 2015. A l’échelle de l’ensemble des appels d’offres nationaux, c’est le chiffre ronflant de 10.000 créations d’emplois qui est annoncé pour cette filière industrielle. L’activité de pêche, dont on peut rappeler qu’elle sera bénéficiaire d’une taxe obligatoire de €2M par an, sera évidemment possible ; certains n’hésitent pas d’ailleurs à dire qu’elle pourrait être renforcée par une possible activité de pisciculture (à créer dans les fondations des mâts d’éoliennes). Quoi qu’il en soit, les pêcheurs auront tout à gagner à trouver des terrains de travail communs avec la filière industrielle éolienne offshore naissante. Il semblerait que ce soit en tout cas la piste désormais choisie dans bon nombre de pays de l’U.E. et ailleurs dans le monde.

Article : Francis ROUSSEAU

Sources. Sites liés / 3BConseils. Images/

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