MARSEILLE – (France – U.E.) – 22/04/2010 – 3B Conseils – Ce post continue le tour de France de la planification des énergies éoliennes en mer commencé voici 3 semaines. Le  » document de planification du développement de l’énergie éolienne en mer de la Préfecture de la Région PACA « , mis en ligne en février 2010, laisse peu d’espoir à l’implantation d’énergie éolienne offshore en Méditerranée. On peut ainsi lire dès le début du document :  » Le littoral méditerranéen, du fait de son attractivité touristique et des activités maritimes intenses qui s’y pratiquent, est fortement générateur de contraintes « . Deux types de zones de  » sensibilité majeure prédominent sur la majorité des espaces maritimes méditerranéens français auxquelles se surajoutent en de nombreux points du littoral PACA et Languedoc-Roussillon des  » zones rédhibitoires » à toute implantation d’éoliennes à proximité immédiate des côtes « .
Les principales zones de  » sensibilité majeure  » sont de deux natures :
– les zones bénéficiant d’une protection environnementale
Le réseau Natura 2000, particulièrement dense sur le littoral méditerranéen, constitue l’essentiel des superficies auxquelles est affectée une sensibilité majeure. La même sensibilité est, par ailleurs, appliquée aux zones Natura 2000 issues de la directive  » Oiseaux  » ainsi qu’à celles issues de la directive  » Habitats « . En effet, l’implantation d’un parc éolien est considérée par le législateur comme susceptible d’interférer avec l’avifaune (couloirs migratoires importants) autant qu’avec la qualité des fonds marins (herbiers de posidonies, habitat prioritaire).  » Ont également été pris en compte, les différents parcs nationaux et parcs marins existants, ou en cours de création ou d’extension (Parc de la Côte Vermeille, Parc des Calanques, Parc de Port Cros). Ces trois parcs représentent également des superficies significatives de zones de sensibilité majeure.
– les zones grevées de servitudes militaires
Le littoral méditerranéen dispose d’une série de plusieurs ports de commerce importants répartis sur l’ensemble de la côte : Port-Vendres, Port-la-Nouvelle, Sète, Marseille, Toulon, Nice. La présence du principal port militaire de la Marine nationale (Toulon) implique également un niveau de servitudes spécifique. Il faut aussi compter avec la proximité de plusieurs aéroports littoraux (Perpignan, Montpellier, Marseille-Marignane, Toulon, Nice) et avec les interférences que les éoliennes créeraient sur les activités aériennes (cf. nos articles récents sur le sujet).
Le document de la préfecture égraine ensuite les contraintes militaires de l’implantation d’éoliennes en Méditerranée parmi lesquelles la chaîne sémaphorique de la Marine nationale avec un niveau de sensibilité élevé. « Les zones de protection des sémaphores impliquent en effet, pour chacun d’entre eux, une zone  » rédhibitoire  » de 10 km de rayon « . Puis viennent les zones de coordination qui impliquent, quant à elle, une zone de sensibilité  » forte  » de 30 km de rayon autour de chaque sémaphore ; les radars portuaires et radars de l’armée de l’Air entraînant leurs propres zones de protection et de coordination. Mis bout à bout, les effets cumulés de l’ensemble de ces zones de niveau de sensibilité élevée, voire d’exclusion, est donc particulièrement significatif.
Sur le littoral Méditerranéen français donc, la prise en compte croisée de la zone de potentiel technique éolien et des différentes zones de sensibilité ne laisse apparaître aucune zone de sensibilité modérée où l’on pourrait éventuellement implanter un parc éolien offshore. L’essentiel de la zone de potentiel éolien se trouve couvert par des zones rédhibitoires ou par des zones de sensibilité majeure.
Donc exit l’éolien offshore en Méditerranée française ? Pas tout à fait. L’examen attentif de la carte de synthèse de la Préfecture permet de déterminer une zone moins défavorable. Elle se situe au large de la limite séparative entre les départements de l’Aude et de l’Hérault. Cette zone, techniquement praticable, se trouve à une distance des côtes comprise entre 5 et 14 km, et représente une superficie de 250 km2. Zone dont le document précise que,  » même moins défavorable, elle n’est pour autant pas exempte ni d’enjeux (pêche, plaisance, tourisme), ni de contraintes « . Par exemple à nouveau évoquée  » la servitude hertzienne de la chaîne sémaphorique de la Marine nationale « , qui devra être prise en considération par les porteurs de projets éventuels et la situation dans la zone de coordination du radar Défense de Narbonne. D’autre part  » La hauteur des aérogénérateurs pourrait ainsi se trouver contrainte au-delà de 200 m. » Précisons que cette altitude n’est actuellement atteinte par aucune éolienne existante.
En conclusion, il est rappelé encore une fois que :  » L’ensemble de ces enjeux est affecté d’une sensibilité forte, et les éventuels promoteurs ne pourront faire abstraction des contraintes engendrées dans leurs projets (…) Cette zone ne peut donc pas être considérée comme directement propice à l’implantation d’éoliennes en mer posées. En revanche, elle peut être retenue comme la zone la plus propice à l’examen au cas par cas de projets, qui devront répondre à la prise en compte des enjeux présents sur la zone considérée. (…) Les deux autres zones significatives de potentiel technique en terme de superficie (au large de la Camargue et sur les côtes du département des Pyrénées Orientales) sont aussi marquées d’un niveau de sensibilité majeur. Mais même si ce niveau n’exclut en aucun cas l’implantation d’éoliennes, ces zones ne peuvent être considérées au stade actuel comme propices à l’examen de projets. En effet, ces deux zones sont des secteurs de mise en place d’aires marines protégées. »
Je n’ai pas évoqué ici la question des fonds marins qui s’enfoncent très rapidement en Méditerranée à des profondeurs importantes et interdisent de ce fait l’implantation d’éoliennes offshore sur fondation à + ou – 20 km des côtes. Il existe bien des éoliennes flottantes prévues pour ces configurations particulières mais …
Je rappelle les outils internet à la disposition du public concernant l’éolien en mer en France et en particulier en Méditerranée
– Une adresse ICI qui permet le dépôt de toutes questions relatives au processus de concertation. Elle permet également l’envoi de contributions écrites pour participer aux débats liés à l’implantation de l’énergie éolienne en mer.
– Un site internet ICI, de la direction régionale des affaires maritimes PACA, en charge du secrétariat de l’instance de concertation, un onglet dédié permet d’accéder à tous les comptes-rendus des réunions de l’instance, et des différents groupes de travail. Y sont également accessibles les présentations sur support informatique effectuées par les intervenants lors des réunions.

Article : Francis ROUSSEAU

Docs Sites Liés. Carte du relief de la Mer Méditerranée.


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