NOTTINGHAM – (Royaume-Uni- U.E.) – 12/05/2010 – 3B Conseils – L’idée est basée sur une constation simple : toute électricité produite qui n’est pas immédiatement transportée est perdue. Pour tous les producteurs d’énergies renouvelables, le stockage de l’énergie demeure un enjeu considérable. En effet à mesure que vont se développer les méthodes de production d’énergie à partir de sources renouvelables comme le vent, les énergies houlomotrice et marémotrice ou le solaire en mer, le stockage efficace de l’énergie va devenir l’un des principaux défis de l’industrie énergétique. Ces modèles d’énergies renouvelables pouvant produire uniquement dans des conditions favorables – même si pour l’éolien en mer le problème ne se pose pas de la même façon que pour l’éolien terrestre – la capacité de stockage permettra de garantir des approvisionnements mieux adaptés à la demande.
Il y a quelques années déjà, E.ON Engineering, conscient du problème, déclarait par la bouche de son directeur général Allan Jones :  » Le stockage d’énergie contribuera à favoriser le développement des énergies renouvelables marines « . Des solutions innovantes à ce problème ont commencé a être élaborée par les chercheurs de l’Université de Nottingham (UK) dès l’été 2008 (compte rendu ICI). E.ON n’avait pas rechigné à mettre la main à la pâte en accordant alors un financement de 1,4 millions d’euros à ces mêmes universitaires dans le but précis de développer une nouvelle génération de super batteries sous forme de  » sacs  » ou de  » ballons  » capables de recueillir l’énergie et de la stocker de façon sous-marine sous forme d’air comprimé.
Le Dr George Chen, du département chimie et ingénierie environnementale de l‘Université de Notthingham, et le Dr Christian Klumpner, du département d’électricité et d’électronique, utilisent alors tout ce qui est à la pointe des nanotechnologies pour développer un système de stockage d’énergie électrique basé sur un puissant outil électronique et sur un dispositif de stockage appelé supercapattery, (contraction des mots « capacity » et « battery »). Ce système combine les avantages d’un super-condensateur et d’une batterie. Les chercheurs prévoient de le construire à partir de nanotubes de carbone (de minuscules structures creuses faites d’atomes de carbone) chimiquement modifiés avec des matériaux traditionnels de batterie. Chen déclare alors :  » Notre objectif est de développer quelque chose qui réunit le meilleur des deux technologies : la grande capacité de stockage d’énergie électrique d’une batterie et la grande vitesse de taux de charge / décharge d’un super-condensateur. » Même si un parc de  » supercapattery  » serait sans doute initialement très coûteux à construire, il serait à la fois souple et polyvalent et pourrait être utilisé pour offrir la stabilité nécessaire au réseau national en cas de surtension.
C’est dans ce contexte de recherche que le Professeur Seamus Garvey, du département de mécanique de l’ Université de Nottingham, essaie avec l’aide de son équipe de trouver la meilleure façon de compresser et de stocker dans des sacs sous marins qui ressemblent à de gigantesques ballons, l’énergie produite aussi bien par les éoliennes en mer que par les absorbeurs de vagues, les hydroliennes etc… Pendant les périodes de fortes demandes, l’air ainsi stocké serait rediffusé par une turbine qui le convertirait en électricité, immédiatement « expédiable » sur le réseau. Cette technologie dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle ne manque pas d’air et qui peut paraître loufoque … marche !
Le système dont l’acronyme est ICARES (Integrated Compressed Air Renewable Energy Systems) pourrait être installé dans les vastes fermes d’énergie en mer en cours de création au large des côtes du Royaume-Uni. Cette technologie s’avère par ailleurs particulièrement adaptée aux pays (assez nombreux en Europe) dont les plateaux continentaux plongent très profondément à peu de distance des côtes. Je vous rassure la France en est… Et cette solution technologique mériterait d’être regardée avec la plus grande attention par les développeurs offshore hexagonaux. Le Pr Seamus Garvey a des idées très précises par exemple sur l’utilisation qui pourrait être faite de ces sacs d’énergie au large d’un pays comme le Portugal (au hasard !) dans un futur plus ou moins proche.  » En utilisant seulement un très faible pourcentage des ressources marines qui sont les siennes, le Portugal pourrait stocker suffisamment d’énergie pour l’Europe entière  » déclare-t-il. Pour Garvey cependant, ce super stockage ne s’entend que si de gigantesques éoliennes offshore de 230 mètres de diamètre (inexistantes pour l’instant) captent l’air pour l’envoyer dans d’énormes sacs ancrés sous la mer à une profondeur d’environ au moins 500 mètres.
Pourquoi au moins 500 m ? Parce c’est, selon le Pr Garvey, la profondeur qui réunit les conditions de pressions optimales pour que le système ait le plus de sens d’un point de vue économique. Cette question de la profondeur est cruciale. Moins de 500 m ne serait pas assez profond et plus de 700 m le serait trop, pour des raisons de température. La confiance du Professeur Garvey, qui est loin d’être un rigolo malgré le ton léger que j’emploie pour en parler, est absolue. Il a même déclaré : « Je pense que d’ici 2025 au moins un quart de l’énergie éolienne offshore britannique utilisera cette approche intégrée à l’air. D’autres pays réunissent les conditions géographiques pour tirer le parti maximum de cette technologie comme la côte Est des États-Unis, la côte atlantique de l’Irlande, la France, la Pologne et de grandes parties de la Méditerranée. « 
Les essais maquette de ces sacs d’énergie ont déjà commencé depuis longtemps. Une vidéo de 4 mn des tout premiers essais présentés par Seamus Garvey himself, est même disponible sur You Tube ICI.
Des essais en mer actuellement menés avec le soutien financier d’E.ON, le grand porteur financier de ce projet, devraient déboucher sur l’émergence en mai 2011, d’une solution prête à l’application commerciale.

Article : Francis ROUSSEAU

Docs : Sites liés. Photos1 : Seamus Garvey devant le prototype d’ICARES © University of Nottingham. 2. Super condensateur + super batterie © University of Nottingham 3. Test du proto ICARES© University of Nottingham

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