France – Jeudi 13/06/2018 – energiesdelamer.eu. Il fallait s’y attendre : les 5è Assises nationales des énergies marines renouvelables à Cherbourg ont été le théâtre des oppositions à l’amendement N°120 présenté par le gouvernement dans le cadre de la loi « Renforcement de l’efficacité de l’administration pour une relation de confiance avec le public.

 

Au-delà de l’appel de Cherbourg lancé le mardi 12 juin, par une soixantaine d’acteurs (Régions, collectivités locales, développeurs, industriels, ports, etc.), les débats de la matinée organisée par le Syndicat des énergies renouvelables (SER) ont immanquablement tourné autour de la volte-face du gouvernement sur les appels d’offres 1 et 2 visant à lancer une filière éolienne offshore en France.

Jean-Louis Bal, le président du SER, a ainsi souligné les « inquiétudes très fortes » qui pèsent sur le secteur, « notamment la renégociation sur l’éolien offshore ». Une remise en cause qui n’est pas non plus sans conséquences sur les autres énergies renouvelables, a insisté le président du SER, et notamment les énergies marines renouvelables.

Un chemin dans lequel l’a suivi, plus tard au cours de la matinée, Laurent Schneider Maunoury, président de Naval Energies (voir interview du 11/06/2018), qui a rappelé que rien en se passait à l’aune de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), l’usine flambant neuve d’hydrolienne à Cherbourg, qui sera officiellement lancé ce jeudi 14 juin, n’aurait pas de justification très longtemps, avec un carnet de commande de neuf machines !

Jean-Louis Bal a rappelé que l’enjeu industriel est d’importance, puisque sur les seuls appels d’offres 1 et 2 sur l’offshore éolien, ce sont quelque 15 000 emplois qui sont concernés directement, et pas seulement les fabricants de machines (LM Wind Power devrait également démarrer son usine de pales d’éoliennes à l’automne), mais aussi les armateurs, les entreprises sous-traitantes comme STX, ainsi que les PME du littoral. En outre, les collectivités locales ont déjà investi quelque 600 millions d’euros (réaménagement des ports, des infrastructures, etc.). Benoit Arrivé, le maire de Cherbourg a eu des mots plus durs, signalant que l’absence du gouvernement à ces Assises n’était que trop visible. Le gouvernement est aux abonnés absents, a-t-il insisté, alors même que la transition énergétique, comme toute transition, est synonyme d’incertitude, tandis que les investisseurs ont besoin de continuité.

Hubert Dejean de La Batie, le vice-président de la région Normandie a martelé : « on va peut-être renoncer à une filière nouvelle, on va être ridicule vis-à-vis des autres puissances européennes ». Et d’ajouter qu’en prenant ce chemin, « on ne va pas réussir notre PPE et passer à côté de nos ambitions ». Néanmoins, il « garde espoir », estimant que comme il s’agit d’une renégociation, il y a peut-être « une part d’intox », et de conclure que « si la parole de l’Etat a encore un sens, elle s’exprimera fin juin, début juillet ».

 

Ce sera en effet la phase charnière, avec la fin de la renégociation des appels d’offres et l’annonce de la PPE, a rappelé le président du SER.

« Dans une négociation, chacun fait part de ses arguments », a indiqué courageusement, Olivier David, sous-directeur à direction électricité de la DGEC (direction générale de l’énergie et du climat), confirmant que l’issue sera connue fin juin. « J’espère que l’on progresse vers une baisse des coûts », a-t-il ajouté. Dans les Appels d’offres 1 et 2 le prix était arrivé jusqu’à 230 euros/MWh pour l’un des six parcs, alors que le maximum sur les six offres reçues sur Dunkerque (qui avance et dont l’annonce du lauréat devrait se faire d’ici à la fin de l’année) est de 100 euros/MWh et on espère un prix bien inférieur.

Les progrès de la renégociation sont très satisfaisants, j’espère aussi que 2018 sera l’année des décisions finales d’investissements sur un certain nombre de parcs.

Par ailleurs, il a rappelé que la PPE fixera un calendrier d’appels d’offres jusqu’en 2024, année par année avec des zones répondant ainsi par avance à la demande des industriels.

 

Gwenaëlle Huet, pour Engie a en effet réclamé une « trajectoire », avec « tous les ans des appels d’offres » et pas simplement un objectif final. Bernard Guitton, pour EDF EN a demandé du volume et de la visibilité. Sur les six premiers appels d’offres, il a signalé la nécessité pour avoir une filière mature de disposer d’une supply chain, de territoires (remerciant d’ailleurs les élus pour leur soutien) et d’infrastructures et de la nécessité d’une notion d’apprentissage.

En conclusion, dans les couloirs bruissant de conjectures, reste que l’amendement N°120 est bien là et que les deux entreprises sont signataires de l’appel de Cherbourg.

Si la DGEC affirme ne pas avoir de chiffrage du pourcentage de la baisse demandée sur les appels d’offres (AO) dans le cadre de la renégociation, chiffre que seul le Premier ministre a en mains, il est acquis que le coût de raccordement sera « sorti » du prix accordé lors des AO 1 et 2.

Et tout est possible, puisque les développeurs peuvent choisir d’y mettre moins de capacités (passer par exemple de 5000MW à 300MW), réduisant ainsi le « coût » pour la collectivité.

 

Ce qui permettrait de réduire la facture globale mais pas d’atteindre les objectifs qu’entend se fixer la France en termes d’éolien offshore. EDF, comme premier acheteur dans le cadre de l’obligation d’achat, n’y « perdrait » pas trop… Sauf en développement de capacité. Engie semble faire les yeux doux au gouvernement…

Resterait Iberdrola qui pourrait bien jeter l’éponge, d’autant que les relations avec Siemens-Gamesa ne sont pas au plus haut de leur forme (Iberdrola est en effet actionnaire de Gamesa et encaisse plutôt mal la mainmise et le décentrage vers l’Allemagne du fabricant d’éoliennes).

A moins que les négociations ne parviennent à une réduction notable du tarif d’achat… A suivre de très près donc !

 

 

Points de repère

12/06/2018 – La Région Pays de la Loire demande un moratoire sur la définition de nouvelles zones EMR

11/06/2018 – Laurent Schneider Maunoury président de Naval Energies demandeprésident de Naval Energies demande « une visibilité pour l’Hydrolien »


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