Ecosse – Europe. Lundi 05/11/2018 – Ocean Energy Europe, la sixième édition, était de retour mardi 30 et mercredi 31 octobre à Edimbourg, où tout a commencé il y a cinq ans.

Mais alors qu’il y a cinq ans, la majorité des énergies marines (hors éolien offshore) étaient encore au stade de prototype, aujourd’hui plusieurs machines veulent entrer dans le stade de la commercialisation.

 

Comme l’a rappelé Rémy Gruet, directeur général d’Ocean Energy Europe, la question est désormais de voir l’évolution des coûts à la baisse, comme cela s’est passé dans l’éolien offshore. Les deux premières tables rondes du mardi 30 octobre ont ainsi passé en revue un aperçu des technologies fleurons des énergies marines, à deux doigts du déploiement commercial.

 

 

Hydroliennes posées et flottantes

 

C’est Nova Innovation qui a ouvert le bal. Simon Forrest, son directeur général a rappelé que sa société a été créée en 2010, pour mettre en œuvre des hydroliennes de 100 kW destinées à utiliser les courants marins. Une technologie qui a fait ses preuves avec 3 turbines M 100 installées en Ecosse, à Bluemull Sound dans les Shetlands, opérationnelles depuis 2016 et 2017.

Simon Forrest souligne que ces machines disposent désormais d’un retour d’expérience de 8 000 heures, soit une année quasiment pleine de production, et qu’elles n’ont nécessité qu’une seule maintenance par an. Un parc réalisé avec le soutien de Scottish Enterprise, avec des composants 100% européens et une supply chain reposant à 80% sur l’Ecosse. Ce projet sera porté à six machines dans le cadre du programme européen Enabling Future Arrays in Tidal (EnFAIT), conduit par Nova Innovation et regroupant huit partenaires, afin de démontrer que les coûts peuvent être réduit de 40%. Un programme EnFAIT doté de 20 millions d’euros. La société déploie en outre actuellement une dizaine d’hydroliennes au nord du Pays de Galles, à Bardsey Sound au large de la péninsule de Llyn.

Nova Innovation a par ailleurs annoncé l’intégration sur son parc écossais d’une batterie Tesla, afin de pouvoir fournir du courant en base. Un projet de démonstrateur dénommé Tidal Energy Storage System (TESS). Ce projet dispose d’un financement du gouvernement écossais, via le Low Carbon Infrastructure Transition Programme, qui bénéficie du soutien du Fonds européen régional de développement (Feder).

 

Orbital Marine Power était ensuite à l’honneur, par la voix de son directeur général, Andrew Scott. La société, qui vient de changer de nom (elle était jusqu’alors connue comme ScotRenewable Tidal Power) a transformé l’essai en lançant son projet d’hydrolienne flottante de 2 MW, baptisée Orbital O2. Une machine fondée sur la SR 2000 (à ne pas confondre avec l’AR2000 de Simec Atlantis), qui tourne depuis 2016 au Centre européen de recherche en Ecosse, l’EMEC. Comme le signale Andrew Scott, cette dernière a délivré en 12 mois, autant d’énergie que toutes les installations à vague ou hydroliennes installées en Ecosse depuis 12 ans. La prochaine génération Orbital O2 dotée d’un système de pitch, comme sur les éoliennes, bénéficiera d’un financement européen dans le cadre du programme Horizon 2020. Mais le projet est également adossé au fonds de crowdfunding Abundance Investment Ltd (GB), qui a lancé une souscription pour ce projet déjà doté de quelque 9 millions de livres (10M€ environ). Orbital O2 est clairement la machine qui sera proposée à la commercialisation dès 2020, voire avant.

 

Convertisseur à vagues

 

Anders Jansson, directeur du développement de CorPower Ocean a pris le relais, en présentant un convertisseur à vagues. Fondée en 2012 CorPower Ocean est basée à Stockholm, en Suède. Financé à hauteur de 4 M€ via le programme européen (dans le cadre d’Horizon 2020) WaveBoost, la machine vise à démontrer la performance et la fiabilité d’un convertisseur à vagues doté de multiples avancées technologiques. La machine C3 à l’échelle 1/2, de 100 kW est en phase 3 de développement (la phase 5 étant la commercialisation), elle a été déployée à Scapa Flow, sur un site d’essai de l’EMEC, avec un soutien du programme Interreg NWE FORESEA. Ce projet a reçu un financement de huit millions d’euros de l’agence de l’énergie suédoise, afin de mettre en place un parc de trois machines d’ici à 2023 et de disposer d’une machine certifiée pour la commercialisation à cette date. Deux sites ont été présélectionnés pour accueillir ces machines, Billia Croo en Ecosse, et Aguçadoura au Portugal. La décision définitive sera prise à l’été 2019.

 

ETM

 

Engie ksb equipe centrale geothermie marine thassalia 620x350

C’est enfin la conversion de l’énergie thermique des mers (ETM, ou OTEC, en initiales anglaises) des mers qui a été mise à l’honneur, avec la présentation d’Engie sur Thassalia à Marseille. Installée sur le Grand Port Maritime de Marseille (GPMM), la centrale de géothermie marine Thassalia est la première en France et en Europe qui utilise l’énergie thermique marine pour alimenter en chaud et en froid l’ensemble des bâtiments qui lui sont raccordés – 500 000 m² à terme – tout en réduisant de 70% les émissions de gaz à effet de serre générées. Dotée de 19 MW froids et 19 MW chauds, la première machine fonctionne depuis 2016 à Marseille, a rappelé la représentante d’Engie, Fiona Buckley. Une première en Europe, qui démontre que l’ETM n’est pas destinée qu’aux sites tropicaux. KSB (photo) le fabricant de pompes a été choisi pour équiper intégralement Thassalia.

 

Un aperçu non exhaustif

Cet aperçu est loin d’être exhaustif, puisque dans les allées de l’exposition OEE 2018, nombre d’acteurs de ces filières piaffaient également d’impatience. Ainsi, Simec Atlantis Energy présentait son hydrolienne de 2 MW que la société écossaise entend bien déployer en France, au Raz Blanchard. Idom Oceantec était aussi présent, pour montrer son convertisseur de vagues, Marmak-4-4, déployé au Pays Basque. Sans oublier les hydroliennes de Sabella, à l’eau depuis dans le Fromveur au large de Ouessant depuis le 16 octobre 2018, le convertisseur à vagues du finlandais Wello, ou encore les hydroliennes de Sustainable Marine Energy, qui vise de premières exportations en Nova Scotia, au Canada et Naval Energies avec son ETM.

 

 

Points de repère

 

31/11/2018 –  OEE : La Normandie et Simec Atlantis lancent un vaste projet au Raz Blanchard

 

20/08/2018 – L’équipe de R&D de la société Wello Oy qui travaille sur la machine houlomotrice Penguin WEC-2 – en cours de construction au chantier Netaman Oü en Estonie – générera de l’électricité au réseau national britannique aux côtés de Penguin WEC-1.

 

18/07/2018 – La plate forme PLAT-I est arrivée à Halifax … à bord du porte-conteneurs britannique Atlantic Sky

 

03/07/2018 – L’étude Market Study on Ocean Energy / Etude de marché de la CE sur les énergies de l’océan (hors éolien offshore donc) commanditée par la Commission européenne (CE) et rendue publique fin juin 2018 souligne la nécessité d’un fort soutien à ce secteur afin de maintenir l’avance européenne en la matière.

 


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