France – 11/02/2022 – energiesdelamer.eu. Partie 2 – A côté des EPR2, le président mise sur le solaire et l’éolien en mer, pour lequel il prévoit environ 50 parcs, pour une puissance de 40 GW en 2050. 

Sans surprise, en visite à Belfort sur le site de General Electric en passe d’être repris par EDF, le chef de l’Etat a donné le coup d’envoi de la relance du nucléaire tricolore, quelques mois avant l’élaboration de la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Afin de « faire en trente ans de la France le premier grand pays du monde à sortir de la dépendance aux énergies fossiles et renforcer notre indépendance énergétique et industrielle dans l’exemplarité climatique »*, et dans la droite ligne de son allocution télévisée du 9 novembre dernier**, il a en effet annoncé la construction de trois premières paires d’EPR 2 censées entrer en service à l’horizon 2035, et des études sur la pertinence d’y ajouter huit réacteurs supplémentaires à l’horizon 2050. Ce qui représenterait 25 GW de nouveau nucléaire. Le président a surtout annoncé sa décision de « prolonger tous les réacteurs nucléaires qui peuvent l’être, sans rien céder sur la sûreté » et « qu’aucun réacteur nucléaire en état de produire ne soit fermé à l’avenir, sauf raison de sûreté ». Non sans avoir demandé à EDF d’«étudier les conditions de prolongation au-delà de cinquante ans », qui devront être validées par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Outre les EPR2, un milliard d’euros sera dédié aux petits réacteurs modulaires de Nuward, et à quelques autres technologies qu’un prochain appel à projets doit permettre d’identifier.

50 parcs éoliens en mer pour 40 GW en 2050

Calqué sur le scénario RTE le plus nucléarisé, ce programme n’en devra pas moins s’accompagner d’un développement massif des renouvelables. Reconnaissant le retard français en la matière, Emmanuel Macron a mis en avant celles qui suscitent le moins d’opposition, le solaire et l’éolien en mer. Pour le premier, il s’agit de décupler la puissance installée pour atteindre 100 GW en 2050. Quant au second, pas moins de 50 parcs devraient, à cet horizon, représenter une puissance cumulée de 40 GW. Bien qu’un peu en dessous des ambitions de la filière, qui vise 50 GW en 2050 avec un point de passage à 18 GW en 2035 – contre 5,2 à 6,2 GW prévus par la PPE en 2028 – c’est une gageure presqu’aussi ambitieuse que la construction de six EPR2 en moins de 15 ans, au regard des déboires rencontrés par les premiers. A commencer par celui de Flamanville, dont l’entrée en service, initialement prévue pour 2009 et régulièrement repoussée, est désormais envisagée en 2023. Et le coût, passé de 3,3 à 12,7 milliards d’euros…à ce jour. En effet, 10 ans après le lancement des premiers appels d’offres, pas la moindre éolienne ne tourne encore au large des côtes hexagonales. Le premier parc au large de Saint-Nazaire devrait cependant entrer en service à la fin de cette année, et huit appels d’offres ont déjà été lancés, pour une puissance cumulée de 3,5 GW.

Une planification plus fine que les documents stratégiques de façade

Le jour-même des annonces d’Emmanuel Macron, le Syndicat des énergies renouvelables rendait publiques ses propositions pour enfin mettre la France sur la trajectoire lui permettant d’atteindre ses objectifs (41% de renouvelables en 2030), alors qu’elle est aujourd’hui le seul Etat membre européen à avoir raté (de 4 points) son objectif de 23% en 2020. Le SER préconise notamment de restaurer la confiance des investisseurs grâce à un nouveau modèle de contrat d’achat sans remise en cause possible – contrairement à la récente révision rétroactive des tarifs pour les projets solaires entre 2006 et 2010 – un fonds de garantie pour les contrats de gré à gré protégeant les producteurs d’EnR contre les risques de défaillances des contreparties, un renforcement de le capacité de pilotage des politiques de développement reposant sur des indicateurs de suivi et un renforcement des moyens humains dans les services déconcentrés de l’Etat… « Le financement de ce développement massif des EnR serait privé », a rappelé le président du SER Jean-Louis Bal. Autrement dit, il ne serait pas obéré par l’ambition du programme nucléaire.

Concernant le développement de l’éolien en mer, le SER a rappelé – comme le fait régulièrement la fédération de l’énergie éolienne – la nécessité d’une vraie planification spatiale. Les documents stratégiques de façade pourraient en fournir une base, mais ils nécessitent de raisonner à une maille plus fine. Les débats publics, eux, devront être organisés sur des zones plus vastes et à des horizons de temps de 10 ans, plus lointains que ce qui est fait actuellement.

A ce sujet, les demandes de la Commission nationale du débat public (CNDP) semblent avoir été entendues, puisque le président a annoncé une concertation publique sur l’énergie au cours du second semestre de cette année, avant un débat parlementaire en 2023.

Enfin, France Energies Eolienne (FEE) salue la volonté d’Emmanuel Macron de remettre la planification au cœur des enjeux énergétiques, industriels et sociaux de notre pays. La filière salue également le fait que ses propositions s’appuient sur des données scientifiques et techniques, notamment issues des travaux de RTE et de l’AIE. FEE salue le volontarisme sur l’éolien en mer et sur la démarche planificatrice affichée. Toutefois, les volumes et le calendrier proposés sur l’éolien terrestre sont en désaccord avec les besoins de sécurité d’approvisionnement à court terme. Cette approche priverait la France d’une énergie décarbonnée, renouvelable, compétitive et capable de se déployer rapidement, alors que notre pays a déjà besoin de sécuriser son approvisionnement électrique et doit se préparer dès aujourd’hui à électrifier son économie. Anne-Catherine de Tourtier, Présidente de FEE commente : « Si les propositions sur l’éolien en mer font preuve de volontarisme, en particulier sur la méthode, les volumes et le rythme proposés sur l’éolien terrestre sont clairement en décalage avec les besoins de notre pays. Dans ces conditions, cette trajectoire ne permettrait pas, à court comme à moyen termes, de mettre les Français à l’abri des chocs énergétiques, ni d’assurer, dans un temps maitrisé, le niveau de sécurité et d’indépendance énergétiques qu’un pays comme la France se doit de maintenir. Les travaux de RTE le démontrent d’ailleurs clairement : d’ici à 2035, l’éolien terrestre est la solution la plus efficace et pragmatique à déployer. Il sera donc important d’ajuster régulièrement ces trajectoires au regard de la réalité des capacités et des avancées technologiques de chacune des filières ».

La suite sera dans le discours du Président de la République qu’il prononcera en fin de matinée à Brest dans le cadre du One Ocean Summit.

POINTS DE REPÈRE

**09/11/2021 – Clairement annoncé par le président de la République lors de son discours télévisé, la France mise sur le nucléaire. A la mi-octobre, des investissements d’un milliard d’euros en faveur des petits réacteurs nucléaires Nuward étaient inscrits dans le texte de son allocution. Aujourd’hui, ce sont six  nouveaux EPR qui sont prévus d’être construits en France.

28/04/2020 – Le Costa Rica a produit 99,15% de son électricité avec des sources d’énergie renouvelables en 2019, selon le dernier rapport du Centre national pour le contrôle de l’énergie (CENCE), soit une augmentation de la production totale de ces technologies de 0,18% sur un an. Mai 2019 – ITV exclusive de l’ancien président de la République du Costa Rica donnée lors des Rencontres du « LUDI » organisée par l’université de La Rochelle les 16 et 17 mai 2019.

Comment arriver à la neutralité carbone ? l’exemple du Costa Rica, interview de M. Luis Guillermo Solis – ancien président de la République du Costa Rica (2014-2018)

 


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