Paris – France. Mardi 14/06/2016 – Quotidienne energiesdelamer.eu. CORICAN, « la station-vigie » attend toujours, depuis le 1er juin, la nomination de son nouveau co-secrétaire côté administration. La recherche navale et marine est-elle sens dessus dessous?

Au moment où les enjeux de la recherche et du développement sont de plus en plus criants, où une stratégie d’innovation tant souhaitée par les industriels du maritime et des EMR devrait s’affirmer, le CORICAN, initiative reconnue qui regroupe l’ensemble des industriels français et les administrations du maritime, les ONG et syndicats du personnel, se retrouve sans co-secrétaire coté administration, depuis le 1er juin 2016.

A quand son remplacement ? ….

Un pilote pour pré-orienter les dossiers est plus que nécessaire, fait gagner du temps et « soulage » une administration dont la “maritimisation” reste à faire.

Si le CORICAN se fixe comme objectif de contribuer sur le plan de la recherche, du développement et de l’innovation, à la définition et à la promotion du «Navire du futur», dit navire propre, économe, sûr et intelligent, il est aussi chargé d’autres structures maritimes innovantes.

En effet, son rôle est aussi d’aider à l’accompagnement du développement et à la coordination de certains dossiers pour la filière des énergies renouvelables de la mer.

Il n’a plus donc d’animateur coté administration. Alors, qui de l’administration qui co-gère le CORICAN sera présent le 28 juin à Bruxelles pour la réunion du 4th Maritime Research Policy Conference ?

CORICAN Logo 2Le secrétariat du CORICAN (ICI), depuis sa création il y a 5 ans, est co-assumé par le MEEM, le ministère de l’économie Le MEEM vient de nommer Catherine Chabaud comme déléguée à la mer et au littoral, fonction, personnalité et poste qui étaient très attendus. Comment expliquer ce désintérêt subi de l’Etat pour le CORICAN, dont les résultats sont très largement reconnus ? ou comme le renouvellement du sous-directeur des marchés de l’énergie au sein de la DGEC (voir rubrique nominations ICI).

 

 

L’OCDE a publié le 27 avril dernier,  le rapport The Ocean Economy in 2030. « En se projetant en 2030, de nombreuses industriesOCDE 18 EDM14 06 016 liées à l’océan ont le potentiel de dépasser la croissance de l’économie mondiale dans son ensemble, tant en termes de valeur ajoutée et de l’emploi. Les projections dans la publication indiquent que, entre 2010 et 2030 sur une base de scénario « business as usual », l’économie de l’océan pourrait plus que doubler sa contribution à la valeur ajoutée globale, atteignant plus de USD 3 trillions. Une forte croissance est attendue particulièrement dans l’aquaculture marine, l’éolien offshore, la transformation du poisson, et la construction et la réparation navales. Ces industries ont également le potentiel d’apporter une contribution importante à la croissance de l’emploi. En 2030, elles pourraient représenter environ 40 millions d’emplois (équivalents temps plein). La croissance la plus rapide de l’emploi pourrait se produire dans l’énergie éolienne offshore …. et les activités portuaires…. Au cours des prochaines décennies, les progrès scientifiques et technologiques sont appelés à jouer un rôle crucial à la fois pour traiter un grand nombre des défis environnementaux liés aux océans mentionnés et dans le développement des activités économiques fondées sur l’océan » ICI.

Le CORICAN fait-il les frais de la politique menée actuellement des économies à propos de la R&D, la science et l’innovation, malgré les besoins dans le domaine pour assurer une vraie transition énergétique? C’est une question que beaucoup d’acteurs des filières marine et EMR, finissent par se poser.

En effet, Les travaux de recherche et d’innovation relevant de la stratégie portée par le CORICAN doivent contribuer au développement de l’activité industrielle donc de l’emploi sur le sol français. Ils tiennent compte des initiatives nationales (investissements d’avenir), ainsi que des programmes portés par l’Union Européenne…

Alors, la filière doit–elle s’inquiéter des allers / retours budgétaires dont pourraient pâtir la recherche et l’innovation? Début mars, lors de l’inauguration de l’institut Pierre-Gilles de Gennes (IPGG) François Hollande a rappelé face aux chercheurs, entreprises et décideurs publics présents, que la France «demeure une puissance scientifique» mais qu’elle se devait de « rester au plus haut niveau de l’expérience  » pour endiguer l’expatriation des chercheurs.

A ce propos, le chef de l’Etat a déploré l’insuffisance de ressources dont était dotée l’Agence nationale de la recherche (ANR), chargée de financer les programmes des chercheurs français, et a promis, d’ici à 2017, que 14 % des projets en relation avec le climat, la santé ou la sécurité alimentaire, et 20 % des projets les plus innovants seraient financés par l’ANR, contre seulement 9 % en moyenne aujourd’hui.

Puis, il y a eu l’épisode du projet de décret présenté le 18 mai avec une proposition de coupe de 256 millions d’euros dans le budget 2016 de l’enseignement supérieur et de la recherche. Bien que le CORICAN ne soit pas géré par le ministère de la recherche, de nombreux organismes académiques font partis des partenariats public privé. Le 30 mai, le président de la République mettait fin à une partie de cette idée après avoir reçu 6 des 8 signataires de la tribune datée du 24 mai dans le Monde par sept Prix Nobel et une médaille Fields, dans laquelle ils dénonçaient «un suicide scientifique et industriel» à la suite des annulations de crédits qui devaient affecter les programmes de recherche scientifique. La tribune mettait en lumière par les hasards de l’actualité : «nous avons appris le même jour que les dépenses de (R&D) de l’Etat fédéral allemand ont augmenté de 75 % en dix ans»…Tribune dans le Monde ICI.

Toujours, ce même jour, la commission des finances de l’Assemblée nationale a rendu, un avis défavorable à la proposition de réduction des crédits alloués à la recherche.

Enfin, vendredi 10 juin, la Commission européenne présentait à Bruxelles une proposition de ratification par l’Union européenne de l’Accord de Paris qui évoque pour la première fois “l’océan” et qui sera présenté aux ministres européens le 20 juin. La proposition sera examinée par le Parlement européen et par le Conseil des ministres de l’UE le 28 juin, en vue de son adoption d’ici la COP22, prévue en novembre prochain à Marrakech » a ajouté la Présidente de la COP21. Rappelons que le Maroc qui assurera la présidence de la COP22 entend consacrer deux journées à la croissance bleue « dixit Hakima El Haite, ministre marocaine de l’environnement »!

 

Photo AFP – Charles Platiau – le 30/05/2016 à l’Elysée.

Serge Haroche (Nobel de physique), Françoise Barré-Sinoussi (médecine), Claude Cohen-Tannoudji (physique), Albert Fert (physique), Jean Jouzel (vice-président du Giec au moment où celui a reçu le Nobel de la Paix) et Cédric Villani (médaille Fields) avaient dénoncé ces annulations de crédits s’apparentant, selon eux, «à un suicide scientifique et industriel». Leur tribune, publiée il y a une semaine dans Le Monde, était également signée de Jules Hoffmann (médecine) et Jean-Marie Lehn (chimie).

Remerciements à l’OCDE pour l’autorisation de publier les slides ci-dessus.


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